Régularités et classes flexionnelles dans la conjugaison du français
Langue
fr
Chapitre d'ouvrage
Ce document a été publié dans
Des unités morphologiques au lexique. 2011p. 41-68
Hermes Science Publishing/Lavoisier
Résumé
Cet article présente une analyse de la flexion verbale du français qui complète celle proposée par Bonami et Boyé (2003) sur deux points. D'une part, nous intégrons dans la description, la partie du paradigme qui ...Lire la suite >
Cet article présente une analyse de la flexion verbale du français qui complète celle proposée par Bonami et Boyé (2003) sur deux points. D'une part, nous intégrons dans la description, la partie du paradigme qui avait été exclue de l'analyse précédente (infinitif, futur, conditionnel, passé simple, subjonctif imparfait, participe passé). D'autre part, les verbes du deuxième groupe, dont le statut avait été laissé en suspens, sont inclus en tant que verbes réguliers dans le modèle suivant les conclusions de (Bonami, Boyé, Giraudo, et Voga, 2008). Notre analyse se base sur une approche psycholinguistique de la régularité. Le système décrit en parallèle les verbes réguliers et irréguliers, les verbes irréguliers étant traités comme des exceptions lexicales aux régularités. Toutes les irrégularités sont réduites à des allomorphies radicales imprédictibles Les analyses sont basées sur deux observations fondamentales : A. certaines formes fléchies sont interprédictibles pour tous les lexèmes (p. ex. une forme du futur ou du conditionnel permet de prédire les autres) ; B. toutes les formes fléchies sont prédictibles pour les lexèmes réguliers (p. ex. une forme d'un verbe du premier groupe permet de prédire les autres) Le premier principe s'oppose à l'idée illustrée magistralement par la phonologie générative que tout est régulier et qu'un radical unique permet de dériver toutes les formes du paradigme pour tous les lexèmes, à condition de supposer des règles suffisamment sophistiquées. La conjugaison d'un verbe comme ALLER illustre bien les limites de cette idée. Ici, nous n'utilisons pas un radical unique mais une collection de radicaux qui permettent de dériver systématiquement toutes les formes du paradigme sur le modèle des parties principales du latin : un espace thématique. Le second principe s'oppose à l'idée d'un système de classes flexionnelles prédictives pour l'ensemble des lexèmes et capte le fait que les locuteurs confrontés à des formes inconnues ont des intuitions pour remplir l'ensemble du paradigme seulement pour certains types de lexèmes. El Fenne (1994 : ch. 5, p. 171-184) présente à des locuteurs natifs du français des formes de verbes inconnus pour lesquels elle fournit un sens et leur demande de compléter la conjugaison. Ses observations montrent qu'à partir d'un infinitif comme tapoke (fournir) ou bredir (revendiquer), les locuteurs infèrent systématiquement les paradigmes de ̊TAPOQUER comme verbe du premier groupe et de ̊BRÉDIR comme verbe du deuxième groupe ; en revanche, à partir d'un infinitif comme kalidr (partager) ou vanitr (promouvoir), les inférences sont dispersées et donnent lieu à l'apparition de paradigmes n'appartenant à aucune classe de conjugaison existante. Ceci s'oppose à l'idée d'avoir des classes de conjugaison prédictives pour tous les types de lexèmes sur deux points : - toutes les classes de conjugaison ne se valent pas, pour certains lexèmes incon- nus les locuteurs ont des intuitions pour toutes les formes (type régulier) mais pas pour d'autres (type irrégulier) ; - pour les lexèmes inconnus de type irréguliers, les locuteurs proposent des paradigmes qui ne font pas partie des classes de conjugaison attestées.< Réduire
Mots clés
morphologie flexionnelle
régularité
classes flexionnelles
verbe
français
Origine
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