Toucher sans toucher ou les contacts fictifs du « corps symbolique de la cognition »
Langue
fr
Article de revue
Ce document a été publié dans
Intellectica - La revue de l’Association pour la Recherche sur les sciences de la Cognition (ARCo). 2010, vol. 1-2, n° 53-54, p. 331-358
Association pour la Recherche sur la Cognition
Résumé
Il existe une physiologie imaginaire de la pensée et de l'interaction sociale inscrite au coeur de la langue. Celle-ci opère par perceptions, contacts, saisies et manipulations d'êtres et d'objets (d'expérience ou de ...Lire la suite >
Il existe une physiologie imaginaire de la pensée et de l'interaction sociale inscrite au coeur de la langue. Celle-ci opère par perceptions, contacts, saisies et manipulations d'êtres et d'objets (d'expérience ou de conception), situés dans des espaces fictifs de conceptualisation. La langue permet ainsi de "toucher" et "d'entrer en contact" (physique, mental, social) avec un grand nombre de personnes et de choses (matérielles ou immatérielles). Une étude sur corpus des emplois physiques et socio-cognitifs de l'anglais touch et de ses dérivés nous permet de montrer comment une scène sensori-motrice primitive a pu être recrutée par la cognition langagière pour figurer d'autres types de scènes, dans les domaines pragmatiques et épistémiques. Nous soulignons l'importance de l'imaginaire langagier qui joue ici un rôle capital en façonnant et en animant un corps invisible que nous proposons d'appeler corps symbolique de la cognition (CSC). Ce corps suit les instructions scénographiques fixées par la langue et adopte un répertoire de postures de contact privilégiant certains membres (les mains, les doigts, les yeux, les pieds). Le toucher constitue une forme particulière d'activité du CSC. Après avoir mis en évidence la richesse du toucher lexical, nous évoquons brièvement certaines formes de toucher grammatical. Nous montrons comment un simple contact syntaxique de type me do it suffit à suggérer l'idée ou la réalité de l'effectuation. Nous terminons en fournissant un aperçu de la manière dont le contact entre humains et choses peut être mis au service de la conceptualisation métalinguistique. Mots clés : perceptions métaphoriques, gestualité métaphorique, cognition incarnée, toucher, corps symbolique de la cognition.< Réduire
Résumé en anglais
Title: Ghost touching. How the imaginary body of cognition makes invisible contact with people and things. Abstract: Language provides humans with an imaginary physiology of thought and social interaction which is reflected ...Lire la suite >
Title: Ghost touching. How the imaginary body of cognition makes invisible contact with people and things. Abstract: Language provides humans with an imaginary physiology of thought and social interaction which is reflected in a number of fixed form expressions. Scenes of perception, socio-physical contact and interpersonal manipulation are routinely evoked in which humans interact with other humans or objects. The interactions are set in fictive conceptual or social space. Thus language makes it possible for speakers-cognizers to touch or make (physical, mental, social) contact with people and things (real or imaginary, concrete or abstract). A corpus study of the socio-physical uses of touch in English, and its derived adjectival or participial forms, reveals the extent to which primary sensory-motor scenes have< Réduire
Mots clés
perceptions métaphoriques
cognition incarnée
gestualité métaphorique
corps symbolique de la cognition
toucher
Mots clés en anglais
perception metaphors
gestural metaphors
embodied cognition
touch
idealized body of cognition
Origine
Importé de halUnités de recherche