Réfugiés italiens dans le Sud-Ouest de la France (1924-1940). Mémoire et héritage

Abstract

Au début des année vingt, des milliers d'opposants au fascisme sont contraints à l'exil. Intellectuels, parlementaires, responsables politiques et syndicaux ou simples militants trouvent refuge en France, en particulier à Paris mais aussi dans le Sud-Ouest. Déterminés à poursuivre depuis l'exil leur combat contre la dictature, ces antifascistes vont, avec l'appui de la gauche française, reconstituer en Gascogne leurs organisations politiques, créer des journaux et développer une intense activité économique et sociale au sein des immigrés italiens. Dans le droit fil de leurs expériences dans les régions d'origine, ils vont créer dans le grand Sud-Ouest des coopératives agricoles, ouvrières, et des organisations syndicales pour les paysans et les maçons italiens. Si, sur le plan humain, l'exil fut une épreuve fort douloureuse, il fut très fécond sur le plan politique ; les idées des réfugiés, leurs réflexions ont enrichi l'humus dont s'est nourrie l'Italie libérée du fascisme et la République. L'exil, loin d'être un repli sur soi fut pour ces réfugiés un espace de rencontre, de solidarité politique, humaine et matérielle entre gauches italienne et française. L'exil est ainsi un lieu où les histoires des deux pays se croisent.