Les professeurs de lettres de l’enseignement du second degré public : enquête sur la morphologie d’un groupe professionnel et sur son évolution (1950-2000)
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2015-11p. http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/?q=proflettres
Résumé
Les enquêtes sociologiques et historiques sur la morphologie du corps enseignant du second degré public portent, dans la majeure partie des cas, sur ce corps enseignant dans son ensemble, abstraction faite des spécificités ...Lire la suite >
Les enquêtes sociologiques et historiques sur la morphologie du corps enseignant du second degré public portent, dans la majeure partie des cas, sur ce corps enseignant dans son ensemble, abstraction faite des spécificités disciplinaires. Certes, nombre des phénomènes observés dans la seconde moitié du XXe siècle sont communs à l’ensemble des disciplines : recul des agrégés au profit des certifiés, féminisation, montée puis résorption de l’auxiliariat, etc. Mais il existe d’importantes variations d’une discipline à l’autre liées à des disparités dans l’offre de licenciés, à l’inégale attractivité des carrières enseignantes par rapport aux autres débouchés, aux priorités retenues par le ministère de l’Éducation nationale dans l’ouverture des postes au concours, etc. Les données rassemblées ici ont donc permis d’affiner, pour les lettres, l’analyse globale proposée par Jean-Michel Chapoulie1. Leur mise en ligne a pour but de faciliter des comparaisons ultérieures avec d’autres disciplines. Ce type de statistiques présente un autre intérêt : elles apportent un éclairage irremplaçable sur l’histoire d’une discipline et de sa structuration interne. Les lettres offrent ici un cas d’école. À compter de 1946, deux cursus peuvent conduire à l’enseignement des lettres dans le second degré : les lettres classiques, reposant sur le triple socle du français, du latin et du grec, et les lettres modernes, articulant, dans des proportions variables au fil du temps, le français, les langues vivantes et – pour une part toujours minime – le latin. À ces deux cursus universitaires correspondent une pluralité de concours de recrutement. Aux traditionnelles agrégations de lettres et de grammaire s’ajoute, en 1959, une agrégation de lettres modernes. Quant au certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges (CAEC), créé par Vichy en 1941, il présente, à compter de 1943, deux sections en lettres, l’une de lettres classiques (français, langues anciennes), l’autre de lettres modernes (français, langues vivantes). Ce schéma est repris pour le certificat d’aptitude à l’enseignement du second degré (CAPES), institué en 1950 pour remplacer le CAEC. L’étude de la morphologie du groupe permet de décrire la part prise par les classiques et les modernes dans le groupe des professeurs de français, éclairage indispensable à l’histoire d’une discipline, le français, qui a très progressivement conquis son autonomie par rapport à l’enseignement du latin. Mais ces données statistiques révèlent aussi les hiérarchies tacites subordonnant les modernes aux classiques, hiérarchies qui affleurent lorsque l’on compare la part des différentes catégories statutaires (agrégés, certifiés, non-titulaires), ou la répartition des postes ouverts au concours. Ces données statistiques donnent sens aux phénomènes qui affleurent dans d’autres types de sources, le biais pro-classique de l’inspection générale ou encore les tensions entre classiques et modernes sur le terrain. Elles constituent ainsi le socle d’une histoire sociale de l’enseignement du français2.1. Chapoulie, Jean-Michel, Les professeurs de l’enseignement secondaire : un métier de classe moyenne, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1987.2.Cardon-Quint, Clémence, Des lettres au français. Une discipline à l'heure de la démocratisation, Rennes, PUR, 2015.< Réduire
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