Les conduites suicidaires chez les étudiants : analyse et modélisation du risque dans la cohorte i-Share.
Langue
fr
Thèses de doctorat
Date de soutenance
2021-11-30Spécialité
Santé publique Option Epidémiologie
École doctorale
École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)Résumé
En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Si le risque suicidaire au cours de l’adolescence est bien documenté, peu de données sont disponibles en France sur la santé mentale des étudiants ...Lire la suite >
En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Si le risque suicidaire au cours de l’adolescence est bien documenté, peu de données sont disponibles en France sur la santé mentale des étudiants et sur les conduites suicidaires en particulier. La vie étudiante s’accompagne pourtant d’un certain nombre de changements qui surviennent dans une période de transition vers l’âge adulte, connue comme représentant une période sensible pour le développement de troubles psychiatriques. L’objectif principal de cette thèse était d’analyser et de modéliser le risque suicidaire chez les étudiants, afin d’identifier les individus à risque, à travers deux objectifs spécifiques : 1) étudier l’association entre les conduites suicidaires et des facteurs auto-déclarés dans l’enfance et l’adolescence que sont le soutien parental perçu, la victimisation par les pairs et/ou la maltraitance parentale ; 2) développer un modèle de prédiction des comportements suicidaires chez les étudiants en utilisant des méthodes d’apprentissage automatique. Des analyses, menées à partir des données de la cohorte i-Share, étude prospective longitudinale qui inclut des étudiants volontaires depuis 2013, ont montré les résultats suivants : 1) un étudiant sur cinq (21%) a rapporté des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois et 6% ont déclaré des tentatives de suicide au cours de la vie ; 2) l’absence de soutien parental perçu dans l'enfance et l'adolescence était associée à une probabilité quatre à neuf fois plus élevée de présenter des pensées suicidaires occasionnelles (rapport des cotes ajusté RCa : 4,55 ; intervalle de confiance IC 95% : 2,97-6,99) ou multiples (RCa : 8,58 ; IC 95% : 4,62-15,96), par rapport aux individus qui ont perçu un soutien parental très important ; 3) les étudiants qui ont déclaré être victimisés par leurs pairs, sans maltraitance parentale associée, étaient plus susceptibles de présenter des idées suicidaires sans (RCa : 1,62 ; IC à 95% : 1,26-2,09) ou avec tentative de suicide (RCa : 2,70 ; IC à 95% : 1,51-4,85) ; 4) parmi plus de 70 prédicteurs mesurés à l’inclusion dans l’étude, quatre ont montré le pouvoir prédictif le plus élevé de conduites suicidaires : les précédentes pensées suicidaires, l’anxiété-trait, les symptômes de dépression et l'estime de soi. Dans des analyses secondaires menées à partir des données de la cohorte CONFINS, nous avons montré que les étudiants étaient plus susceptibles que les non-étudiants de présenter des troubles de santé mentale au cours de l’épidémie de COVID-19, notamment en période de confinements. Ces travaux soulignent la fragilité de la population étudiante et la nécessité d’y porter une plus grande attention. Plus spécifiquement, nos résultats montrent l’intérêt de renforcer des programmes portant sur le soutien à la parentalité et la lutte contre le harcèlement scolaire pour réduire le risque suicidaire à long terme du jeune adulte et ils ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’interventions, en lien avec le renforcement de l’estime de soi à l’université. Les conduites suicidaires sont fréquentes chez les étudiants et les recherches doivent être poursuivies afin de développer et évaluer des outils de dépistage pouvant être utilisés en routine, par exemple à l’entrée à l’université, pour identifier les étudiants les plus vulnérables.< Réduire
Résumé en anglais
In France, suicide is the second leading cause of death among young people aged between 15 and 24 years. Although the risk of suicide during adolescence is well documented, only a paucity of studies has investigated mental ...Lire la suite >
In France, suicide is the second leading cause of death among young people aged between 15 and 24 years. Although the risk of suicide during adolescence is well documented, only a paucity of studies has investigated mental health and suicidal behaviours in French university students. Yet, student life is accompanied by a number of important changes known to increase risks for psychiatric disorders. The main objective of this thesis was to model suicidal behaviours among French University to identify individuals at risk. Our objectives were two-fold: 1) to study the association between suicidal behaviours and self-reported factors in childhood and adolescence such as perceived parental support, peer victimization and/or parental maltreatment; 2) to develop a predictive model of suicidal behaviours in students using machine learning methods. We conducted analyses using data from the i-Share cohort, a prospective longitudinal study that has included student volunteers since 2013. We report four main findings: 1) about one in five students (21%) reported suicidal thoughts in the past 12 months and 6%, lifetime suicide attempts; 2) compared to students who reported high levels of parental support, those who perceived a total lack of support in childhood and adolescence had a four to nine fold higher probability of having occasional (adjusted odds ratio aOR: 4.55; 95% confidence interval CI: 2.97-6.99) or multiple suicidal thoughts (aOR: 8.58; 95% CI: 4.62-15.96); 3) students who reported being victimized by peers, without associated parental maltreatment, were more likely to present suicidal ideation without (aOR: 1.62; 95% CI: 1.26-2.09) or with suicide attempts (aOR: 2.70; 95% CI: 1.51-4.85); 4) among more than 70 predictors measured at baseline, four showed high predictive power for suicidal behaviours: previous suicidal thoughts, trait anxiety, depressive symptoms and self-esteem. In secondary analyses using data from the CONFINS cohort, we showed that students were more likely than non-students to experience mental health problems, in particular during COVID-19 lockdowns. Overall, our results highlight the frailty of students and the need to implement mental health preventive interventions in this population. Specifically, the results suggest that parental support programs and school bullying prevention programs could reduce the long-term suicidal risk among young adults. Interventions to strengthen self-esteem among university students could provide contextual support to those at risk. Suicidal behaviours are common among students and further research is needed to develop and evaluate screening tools that can be used routinely, for example at university entrance, to identify the most vulnerable students.< Réduire
Mots clés
Conduites suicidaires
Étudiants
Soutien parental perçu
Victimisation par les pairs
Prediction
Covid-19
Mots clés en anglais
Suicidal behaviours
Students
Perceived parental support
Peer victimization
Prediction
Covid-19
Origine
Importé de STAR