L'appartenance et ses enjeux dans la fiction de Joseph Conrad
Langue
fr
Thèses de doctorat
Date de soutenance
2019-12-02Spécialité
Études anglophones
École doctorale
École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)Résumé
Notre étude de l’appartenance passe par l’étude de différentes formes de communautés, leur genèse, les principes et les modèles sur lesquelles elles sont construites. Si la communauté de parole ou la communauté organique ...Lire la suite >
Notre étude de l’appartenance passe par l’étude de différentes formes de communautés, leur genèse, les principes et les modèles sur lesquelles elles sont construites. Si la communauté de parole ou la communauté organique (Gemeinschaft) apparaissent rapidement comme des idéaux communautaires auxquels de nombreux personnages aspirent, ces formes d’appartenance se désagrègent souvent sous la pression d’une autre forme d’appartenance de fait, incarnée par la société moderne mercantile (Gesellschaft). La crise de l’appartenance s’exprime à travers des ressorts narratifs récurrents comme la trahison ou l’exil, et interroge de manière plus large la pertinence des changements au sein des collectifs, qu’il s’agisse d’insurrection à bord des navires ou de révolution sur la terre ferme. Dans la fiction de Conrad, l’expression de l’appartenance se cristallise autour de deux figures de style : la synecdoque et la métonymie. Ces figures permettent un double mouvement crucial à l’esthétique conradienne : d’abord de mettre en lumière une partie en rappelant son appartenance à un ensemble et ainsi de perpétuellement considérer leur objet en contexte, pour ce qu’il est mais également pour ce qu’il représente ; puis, dans un second temps, par le biais de cette première mise en lumière rappeler l’existence d’un reste qui n’est pas mentionné, mais dont l’ensemble est tout de même constitué, qui n’est jamais cité directement mais seulement indirectement convoqué, en ellipse, pour rappeler son appartenance à l’ensemble duquel la partie mise en lumière par la figure est tirée. Ces figures permettent d’articuler la présence et l’absence et complexifier les modalités d’appartenance. C’est la figure du spectre qui vient hanter la prose de Conrad et incarner ce paradoxe. A la fois mort et vivant, le spectre n’est finalement ni l’un, ni l’autre. Figure de l’altérité et du même, le spectre renvoie toute communauté à ce qui lui appartient mais également à ce qui ne lui appartient pas, cristallise les enjeux de l’appartenance de manière à évacuer l’idée d’appartenance exclusive et lui substituer l’idée d’« entretien », de compagnonnage avec les spectres. De cette forme d’appartenance émerge l’injonction forte d’une solidarité réciproque telle qu’elle est souvent exprimée dans l’œuvre de Conrad.< Réduire
Résumé en anglais
Our study of belonging relies on the analysis of communities in Conrad’s fiction: their forms, their origins, the principles and patterns on which they are built. The community of speech and the organic community soon ...Lire la suite >
Our study of belonging relies on the analysis of communities in Conrad’s fiction: their forms, their origins, the principles and patterns on which they are built. The community of speech and the organic community soon appear to be the ideal forms to which characters naturally strive to belong (Gemeinschaft). Yet, these forms of community are defeated by another, historically more recent, form of belonging: modern mercantile society (Gesellschaft). This crisis of belonging is embodied in recurring dramatic patterns like betrayal or exile. On a larger scale, the constant failures of belonging question the relevance of changes in communities, whether it be through an insurrection on a sailing ship or through a revolution on land. In Conrad’s fiction, belonging is expressed through two major figures of speech: the synecdoche and the metonymy. On the one hand, these figures allow Conrad’s aesthetics to put the emphasis on a part while at the same time asserting its belonging to a larger whole and therefore constantly placing the part in context — for what it is but also for what it represents. On the other hand, because the emphasis is put on a single given part, these figures reveal or remind us of the existence of something else, something that remains, which also belongs to the whole the emphasised part belongs to. This whole, placed under an ellipsis by the figure, is never explicitly mentioned yet always present. These figures of speech manage to express presence and absence at the same time, thereby changing the modalities of belonging. The figure of the spectre embodies such a paradox. At the same time alive and dead, the spectre proves to be neither and both. It symbolizes alterity at the heart of sameness and because it presents every community with what necessarily belongs and cannot belong to it at the same time, encapsulates the issues of belonging in ways that defeat exclusive belonging and substitutes it for a form of ‘upkeep’, of companionship with ghosts. From this form of belonging stems a strong sense of reciprocal solidarity as it is often expressed in Conrad’s fiction.< Réduire
Mots clés
Joseph Conrad
Appartenance
Communauté et société
Solidarité
Trahison
Exil
Modernisme
Synecdoque
La partie et le tout
Spectre
Spectralité
Entretien
Mots clés en anglais
Joseph Conrad
Belonging
Community and society
Solidarity
Betrayal
Exile
Modernism
Synecdoche
The part and the whole
Ghosts
Spectrality
Upkeep
Origine
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