La sépulture 534 de la nécropole mérovingienne de Choisy-au-Bac (60) : un cas d'ostéochondromes multiples

Abstract

La fouille menée par Eveha dans la commune de Choisy-au-Bac (Oise), entre juin 2023 et février 2024, a permis de mettre au jour une portion de nécropole mérovingienne. Celle-ci a livré 461 sépultures mêlant inhumations en sarcophage calcaire et inhumations en contenant en bois. Bien que coupée partiellement par une canalisation contemporaine, c’est dès la phase de terrain que la sépulture 534 a retenu l’attention des fouilleurs. En effet, le squelette de l’individu qui y a été inhumé présentait plusieurs excroissances osseuses de taille importante au niveau des membres supérieurs et inférieurs.L’analyse anthropologique a permis de montrer qu’il s’agissait des restes d’un homme, d’1,56 m, dont l’âge a été estimé à plus de 30 ans. L’analyse paléopathologique macroscopique a révélé une combinaison d’exostoses pédiculées et sessiles(ostéochondromes) visibles notamment au niveau des métaphyses proximales des humérus, des métaphyses distales des radius, ulnas, et enfin aux métaphyses proximales et distales des fémurs, tibias et fibulas. On observe par ailleurs une synostose sacro-iliaque bilatérale, ainsi que des déformations des avant-bras et des asymétries au niveau des ceintures scapulaire et pelvienne. A partir de ces éléments, nous pouvons discuter le diagnostic de maladie exostosante.Il s’agit d’une pathologie génétique impliquant le gène EXT1 localisé sur le chromosome 8 et de EXT2 localisé sur le chromosome 11. Elle est caractérisée par la présence d’au moins deux exostoses aux métaphyses des os longs qui se développent au cours de la croissance des individus. Elles sont associées à une petite taille, ainsi qu’une asymétrie des membres et des ceintures. L’ensemble de ces signes peut provoquer des douleurs généralisées chez les individus atteints. Les fractures des exostoses, les pincements sur les nerfs, vaisseaux et tendons adjacents, ainsi que le développement de tumeurs malignes (chondrosarcomes) sont également les principales complications présentées dans les cas cliniques.La reconnaissance de ce cas permet d’améliorer la prévalence de cette maladie dans les populations du passé, connue seulement depuis le début du 19e siècle, et vient s’ajouter au cas déjà publiés dans la littérature paléopathologique.