Comptabilité TD-ABC et Analyse Sociale de Cycle de Vie : une analyse de leur intégration possible au travers d'une étude de cas

Abstract

La transition vers des modèles économiques soutenables est promue par les normes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et les directives européennes telle que la CSRD. Cela exige aussi une transparence croissante vis-à-vis des consommateurs sur les impacts sociaux à l’échelle de produits et services. Cela nécessite de facto de repenser les méthodes de comptabilité analytique classique. Nous recherchons à utiliser conjointement les modèles de coûts financiers (TD-ABC) et les approches d’évaluation d’impacts sociaux via les analyses de cycle de vie (ASCV), afin d’assurer une meilleure considération des aspects de soutenabilité lors des décisions d’achat, de conception, de production au sein des organisations. En effet, l’approche TD-ABC appartient à la famille des comptabilités analytiques par activités. Elle utilise le temps de travail comme principal vecteur de calcul des coûts. Ce temps est converti en coûts via un coefficient spécifique, le coût par unité de temps également appelé « Capacity Cost Rate » en anglais. Son utilisation permet une évaluation plus directe des coûts associés aux activités internes. Parallèlement, l’ASCV utilise aussi le temps de travail comme une variable d’activité afin de modéliser les étapes de cycle de vie de production et ainsi analyser les indicateurs sociaux à l’échelle d’un produit. Cette recherche vise à évaluer dans quelle mesure les méthodes TD-ABC et ASCV peuvent être intégrer en permettant une analyse plus approfondie des dimensions sociales tout au long de la chaîne de valeur. Cette intégration peut servir comme un outil de gestion plus aligné avec les principes de la RSE. Nous proposons par ailleurs l’élaboration d’une matrice bidimensionnelle, associant lieux géographiques et dimensions temporelles, permettant ainsi de calculer les risques sociaux et d’offrir une vue exhaustive des impacts potentiels au sein de la chaîne de valeur. L’utilisation de cette matrice a vocation à faciliter la prise en compte des aspects sociaux dans les modèles de coût financier jusqu’à l’échelle des produits et services et propage cette information au niveau des produits et services. L'usage de bases de données telles que PSILCA enrichit la connaissance des décideurs quant aux conséquences sociales de leurs choix. Ce travail repose, à des fins illustratives, sur une étude de cas comportant trois types de produits d’emballage : plastique, papier, et papier recyclé. Les activités opérationnelles sont réparties sur différentes zones géographiques. Cette approche permet de comparer le choix des emballages. Elle montre comment les variations géographiques influent sur les coûts et la viabilité sociale. Nous montrons comment ces résultats facilitent l'élaboration de recommandations stratégiques pour aider les décideurs dans leur prise de décision. Cette nouvelle proposition méthodologique offre une perspective prometteuse pour les comptables de gestion, les experts en durabilité, et les décideurs, qui cherchent à aligner dynamiquement les objectifs de durabilité économique et sociale avec une approche rigoureusement basée sur les données d’ASCV.