De retour du terrain. Enjeux éthiques et épistémologiques de la restitution d’une observation participante par l’écrit

Abstract

Dans le cadre de ma thèse, débutée en 2019, qui porte sur l’étude de deux secteurs industriels liés aux infrastructures numérique (les centres de données d’une part, les câbles sous-marins de télécommunications d’autre part), j’ai été amené à enquêter et côtoyer des acteurs divers, venant du secteur public comme du secteur privé. Néanmoins, les acteurs économiques pèsent davantage dans le matériau empirique que j’ai pu constituer. Cela s’explique en grande partie par les questionnements théoriques qui sont au centre de mon projet de recherche, qui sont en lien avec les réflexions de la sociologie économique et de la sociologie des sciences et des techniques. Généralement, la pluralité des informations1 qui sont transmises dans le cadre de la recherche peuvent, et cela peu importe le profil de la population étudiée, être considérées par les acteurs eux-mêmes comme étant « stratégiques » ou « confidentielles », et donc comme devant faire l’objet d’un certain filtrage et/ou d’un certain droit de regard de leur part.Dans ce sens, les acteurs économiques engagent un rapport quelquefois relativement serré aux données qu’ils souhaitent transmettre. Le rapport de confiance avec ce type d’acteur ou d’organisation, dont il ne s’agit pas ici de nier l’existence, ne semble pas être suffisant pour « ouvrir » certaines des portes du terrain. De ce fait, la régulation par le RGPD est le plus souvent complétée par d’autres normes juridiques, qui ont pour objectif de délimiter les frontières qui conditionneront la circulation des informations, et donc de réduire les risques de divulgations de données jugées essentielles pour la stratégie économique de l’entreprise. Cependant, cette formalisation par le droit n’est pas sans poser des problèmes d’ordre éthique lors des phases de restitution académiques. En effet, les textes juridiques, au-delà de leur apparente rigidité, laissent parfois des zones d’ombre et de relatif flou qui engagent le ou la chercheur.e dans sa façon de rendre compte des informations auxquelles il ou elle a pu avoir accès.