Accumulations osseuses en périphérie de terriers de petits carnivores: les stigmates de prédation et de fréquentation

Abstract

Les restes fauniques issus de cônes de déblais situés à l'entrée de deux terriers fréquentés par des petits carnivores (renard et blaireau) sont étudiés d'un point de vue taphonomique. Cette analyse permet de caractériser une accumulation osseuse produite par des petits carnivores en contexte de terrier. Elle permettra, une fois transposée dans le domaine archéologique, de mieux appréhender le degré d'intégrité des gisements fréquentés de manière simultanée ou en alternance par les hommes et les petits carnivores. Le spectre faunique est diversifié et composé majoritairement de microfaune (70%) et de mésofaune (30%). La macro faune demeure minoritaire (1%) et est constituée vraisemblablement de carcasses charognées. Prédateurs et espèces consommées ont été comparés sur la base des profils squelettiques, de la répartition des individus par classes d'âges et de la quantification des stigmates de prédation (manducation et digestion). L'analyse des profils squelettiques a montré une nette sous-représentation des éléments du squelette axial et de l'autopode. Les prédateurs se distinguent des espèces consommées de taille moyenne par une meilleure représentation des os du membre antérieur par rapport à ceux du membre postérieur. Les prédateurs offrent un profil de mortalité de type attritionnel, et des éléments de saisonnalité ont pu être dégagés, autorisant une estimation de la durée de fréquentation des terriers par chacun des prédateurs. Les espèces consommées sont en majorité représentées par des individus adultes. Les stigmates de prédation, relativement faible chez les prédateurs, sont beaucoup plus nombreux sur les restes des espèces consommées. Ces dernières se déclinent en traces de manducation et traces de digestion. Sur les restes des espèces de tailles moyenne à grande, les traces de manducation sont très fréquentes alors que les traces de digestion sont rares, voire absentes pour les espèces de grande taille ; c'est l'inverse pour les espèces de petite taille.