Paysages d’estuaire(s),des artistes et des habitants co-producteurs d’un bien commun patrimonial et passeurs de territoires ?

Abstract

L’estuaire de la Gironde est un paysage fluvial et maritime : il correspond donc peu aux canons juridiques, esthétiques ou philosophiques de la notion de patrimoine. Pourtant, des personnes l'habitent ; et dès 2001, des projets portés par des acteurs de son territoire ont donné voix à ces dernières. Au travers de ces projets mémoriels, que peut-on saisir du lien entre culture et territoire, paysage(s) et patrimoine(s) ? D'abord, que le patrimoine paysager a besoin d'une dimension cognitive qui est mieux révélée par des processus de bas en haut que par les mécanismes de l’action publique. Ensuite, que le paysage estuarien n'est patrimonial que parce qu'il est social et donc culturel et qu’il devient alors une ressource territoriale. Enfin, qu’il peut contribuer à la distinction d'un territoire car il est empreint d'une dimension sensible qui contribue à un sentiment d'appartenance voire à une identité. Aller à la rencontre d’autrui, construire de nouveaux récits (story telling) inscrits dans le présent mais qui puisent dans une mémoire, voilà comment un paysage vécu comme un stigmate dans sa valeur d’usage peut devenir un emblème dans sa valeur d’échange.