La mémoire de l'avortement en Roumanie communiste.

Abstract

Entre 1966 et 1989, le régime communiste a imposé en Roumanie des politiques pronatalistes extrêmes, au nom du " bien de la nation socialiste ". Une construction de la maternité comme " tradition roumaine " a été ainsi développée, en parallèle d'une stricte interdiction de l'IVG, et de la mise à l'écart des moyens contraceptifs modernes. La remémoration sociale de ce passé difficile reste encore un tabou dans la société roumaine d'aujourd'hui. Il semblerait qu'en Roumaine actuelle cette remémoration faible joue un rôle important dans la santé reproductive, et qu'elle soit déterminée par des relations d'intersubjectivité entre différentes formes de la mémoire du pronatalisme. Pour établir une ethnographie de ces formes et de leur intersubjectivité, un terrain de longue durée (2004-2009) a été développé sur la mémoire de l'avortement en Roumanie communiste, en prenant comme point de vue théorique le cadre général des Etudes mémorielles. Ce terrain a été mené selon deux principes complémentaires. D'une part, plusieurs sources ont été analysées, à partir du discours pronataliste officiel jusqu'à des témoignages oraux contemporains. D'autre part, le texte post-enquête a été intrinsèquement lié et en conséquence construit autour des trois principales formes de la mémoire contemporaine de l'avortement en Roumanie communiste, c'est-à-dire la mémoire officielle, la mémoire culturelle (publique) et la mémoire sociale-partagée.