Hacking the table : analyse croisée de la cosa umoristica du design

Abstract

L’infiltration joyeuse de l’art dans nos environnements artificiels permet au design de se soustraire aux injonctions de son essence fonctionnaliste, et d’élargir le spectre sensoriel des expériences de notre être-au-monde. La chose est entendue. Le design nous amuse, nous fait rire parfois. Des maisons d’édition en ont fait leur fond de commerce (Pylones, Alessi, Atypic, etc.), et de nombreuses expositions célèbrent le rire du design et de l’art (à l’instar de l’exposition Design with a smile, Musée du Design de Ghent, inaugurée en août 2008, ou encore l’exposition Vous voulez rire ?, Biennale de Saint-Étienne, 2013.). Mais au fond, quels sont les process poïétiques, les enjeux et les caractéristiques qui président aux performances des artefacts d’un design humoristique ?La cosa umoristica sera notre formule générique pour interroger les hétérogénéités des traits d’esprit du design ; la cosa mentale della tavola, notre fil conducteur.Au plus près de l’ADN du design, notre contribution propose un regard croisé sur différentes approches des sciences sociales et du design, afin de pointer quelques aspects des modalités humoristiques des choses-qui-font-sourire.À partir de l’observation d’un corpus réduit de tables, nous montrerons que le design hacke les standards, afin de produire des objets-évènements-à-vivre. Car la cosa mentale della tavola est avant tout l’expression d’un design expérientiel et sensoriel.Pour nourrir l’examen de la problématique de la cosa umoristica della tavola, il convient de chercher les indicateurs d’éventuels process humoristiques du design.Nous devons, au préalable, comprendre la complexité du rôle de ses objets, et du sens qu’ils donnent à la vie, car « avant d’être des objets, […] le[s] objet[s] de design sont des “choses” redevables d’une perspective et manifestent une “présence” particulière » (Beyaert-Geslin, 2012 :19).