Mouvement étudiant et théâtre militant dans le Mali des années 1970. L’exemple de Ni san cyɛnna jate tɛkalo la.

Abstract

A partir de 1977, le Mali a vu émerger un vaste mouvement étudiant et lycéen en opposition à une série de réformes dans l’enseignement supérieur et secondaire . Ce mouvement social de grande ampleur a duré plusieurs années jusqu’à sa répression sanglante et l’assassinat de Cabral, leader étudiant, en 1980 par le régime militaire. Au cours de cette période, les étudiants s’emparèrent du théâtre et en firent un moyen d’expression politique où se mêlaient la critique sociale et la farce. Je m’intéresserai à l’une de ces pièces de théâtre, Ni san cyɛnna jate tɛkalo la, créée par le syndicat étudiant de l’École Normale Supérieure de Bamako (ENSup). De cette pièce, je ne sais encore que peu de choses si ce n’est qu’elle dénonçait la corruption du pouvoir et fut interdite en 1977 après une représentation publique. Elle fut à nouveau rejouée par les étudiants en 1979 dans le cadre de la Biennale artistique, à la demande du nouveau Ministre de la Jeunesse, Alpha Oumar Konaré, professeur d’histoire à l’ENSup et militant politique, qui démissionna peu de temps après cette représentation. Trente ans plus tard, la pièce fut sortie des malles personnelles et éditée par sa fille en bambara . Au travers de cette communication, je souhaiterais poser quelques pistes de réflexion pour l’étude du théâtre militant au Mali et de ses mémoires. Grâce à la traduction de ce texte par Aïssatou Mbodj, il s’agira d’interroger le registre de la critique politique estudiantine de cette période (ses influences, ses imaginaires, ses idéologies et représentations). Dans la mesure de l’avancement de l’enquête, il s’agira également d’éclairer son contexte de production et de représentation dans les années 1970, les soubresauts de la vie de ce texte entre clandestinité, oubli et publication, jusqu’à ses usages mémoriels récents tant politiques que familiaux.