De l'évolution du profil des étudiants infirmiers vers de nouvelles identités professionnelles ?

Abstract

Les formations en soin infirmiers suscitent un engouement renouvelé par la suppression du concours d’entrée et la mise en place d’une sélection sur dossier. La profession infirmière reste fortement marquée du point de vue du genre, avec 16.8% d’hommes en formation en soins infirmiers en 2019. Cette répartition inégalitaire du point de vue du genre dans la profession est liée à un ancrage historique : la profession infirmière a longtemps été réservée aux femmes. Les qualités attendues des infirmières s’inscrivaient dans le prolongement des qualités attendues des femmes dans le cadre domestique : douceur, empathie, dévouement, soin, sacrifice de soi. Pendant longtemps, les infirmières ont été subordonnées à une autorité médicale masculine, les médecins délégant les tâches jugées les moins valorisantes aux infirmières. La profession a eu du mal à faire reconnaître ses compétences, ce qui a engendré, suite à l’arrêté Barzach, le mouvement des revendications infirmières dans les années 80. Les revendications du mouvement ont été partiellement satisfaites, mais le travail infirmier demeure extrêmement normé du point de vue du genre. Aujourd’hui, l’identité professionnelle infirmière peut se définir selon les phases d’engagement et d’immersion au sein du monde professionnel, et dépend du cadre d’exercice des fonctions, selon si on est infirmière hospitalière ou infirmière libérale. La crise sanitaire a généré une reconnaissance symbolique du travail des infirmiers et plus largement des soignants, mais ceux-ci réclament des changements concrets dans l’organisation du secteur de la santé et dans la répartition des budgets. Les infirmières françaises gagne en moyenne 6% que la moyenne nationale, et font partie des moins bien payées de leur profession au sein de l’OCDE.