Catholicisme et construction identitaire basque : retour sur le postulat d'une sécularisation achevée

Abstract

Cet article revient sur le postulat d'une sécularisation achevée de la construction identitaire basque. La catholicité, en tant que système de valeurs et construit institutionnel, a été à la fois contraignante et habilitante dans le travail de construction de la référence et de la compétence identitaires basques. Par référence (au sens de F. Dumont), nous désignons la part de mémoire et d'utopie nécessaires à une affirmation identitaire mobilisable. Un premier volet est ainsi consacré à la construction historique de l'interaction entre Eglise et nationalisme basque. La religion intervient ensuite dans la construction de la compétence identitaire, dans les conditions d'émergence de ce savoir-faire spécifique lié à une conscience discursive et à une conscience pratique particulières. Un second volet traite ainsi des liens entre religion et identité basque. Nous faisons ici l'hypothèse d'une part structurante du religieux dans l'émergence d'espaces identitaires « discrets », non immédiatement identifiés comme politiques. L'objectivation d'une culture basque autonome, d'une part, s'est en grande partie effectuée au sein d'institutions religieuses, avant de se séculariser. Les formes identitaires du lien économique ensuite (syndicalisme agricole et mouvement coopératif ouvrier) trouvent l'une de leurs sources dans l'Action catholique, le clergé et les institutions catholiques. Enfin, une approche biographique d'anciens prêtres et séminaristes a mis en évidence la part de la socialisation religieuse dans la construction d'un ethos militant susceptible d'être réinvesti dans d'autres sphères.