Évolution et identifications des thérapeutiques du rachitisme aux 17e-19e siècles : approches archéo- et paléopharmacologiques

Abstract

En France, Les périodes moderne et contemporaine ont vu de nombreuses transitions économique et sociale notamment au moment de l’industrialisation. La transition épidémiologique associée à cette période a connu l’émergence de certaines maladies liées au contexte industriel (maladies respiratoires, cardio-vasculaires) et une forte augmentation des prévalences de maladies carentielles comme le rachitisme (vitamine D). Néanmoins elle a aussi été une période de progrès scientifiques majeurs notamment en médecine et pharmacie. Dans ce contexte, les thérapeutiques des maladies carentielles et notamment du rachitisme ont pu changer. Après une revue exhaustive de ces traitements à travers la littérature médico-historique (traités et thèses de médecine, pharmacopée ancienne, archives) – approche archéopharmacologique –, nous avons cherché à en identifier grâce à stratégie archéométrique – approche paléopharmacologique – par l’analyse de restes humains ostéoarchéologiques. L’archéopharmacologie textuelle a permis d’identifier des traitements à base de plantes (e.g. rhubarbe, opium, quinquina), d’origine animale (e.g. après 1850, huile de foie de morue, le seulefficace) ou composés de métaux, particulièrement le mercure. Ce dernier, reconnu aujourd’hui extrêmement toxique, a été largement utilisé sous de nombreuses formes à des fins médicales à partir du 17e siècle. Son identification par l’étude paléopharmacologique s’est faite en trois étapes limitant le caractère invasif : 1- détection par fluorescence X, 2- quantification par CVAAS et 3- localisation par LIBS. Nous présentons ici les résultats obtenus sur l’individu SP5 du cimetière de la Rue Thubeuf (Rouen, fin 18e - 19e siècles), enfant âgé de 3 à 4 ans présentant des signes osseux de carences multiples, probablement rachitisme et scorbut.