Épidémiologie des amputations non traumatiques des membres inférieurs enAfrique de l'Ouest : Données nationales du Togo

Abstract

Introduction - L'amputation non traumatique d'un membre inférieur (ANT-MI), a desconséquences majeures. Les données en population générale en Afrique subsaharienne(ASS) sont rares et souvent liées à des séries monocentriques. Notre étude visait à estimerl'incidence des ANT-MI (mineures et majeures) et à décrire leurs aspects épidémiologiques,cliniques et pronostiques au Togo.Méthodes - Il s'est agi d'une étude rétrospective, menée auprès de tous les patients ayantsubi une ANT-MI. Les données sociodémographiques, cliniques et de bilan ont été recueilliesà partir des dossiers cliniques dans toutes les formations sanitaires togolaises du 01/01/2016au 31/12/2021. Les taux d'incidence par âge ont été calculés et ajustés sur l'âge.Résultats - Au total, 352 patients (59% d'hommes) ont subi une ANT-MI (âge moyen de 60 ±15,7 ans). Le taux d'incidence moyen des ANT-MI ajusté sur l'âge était de 8,5 par million/an(IC 95%= [7,6-9,4]). Le risque relatif d’ANT-MI était 48 fois plus élevé chez les diabétiques quechez les non-diabétiques. Environ 61% des ANT-MI sont survenus dans la tranche d'âge 50-74 ans et 54,3% étaient atteints de diabète sucré. Parmi les amputés, 54,5% souffraientd’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) et 52,8% souffraient d'ulcèresdiabétiques, avec la coexistence de plusieurs facteurs. Seuls <5% des amputés avaient desantécédents de tabagisme. La durée moyenne du séjour à l'hôpital était de 12 jours. Le tauxde mortalité à l'hôpital était de 8,8% Seulement 18,2% ont eu une échographie et 1,7% unangioscanner avant l'amputation.Conclusion - Des interventions à grande échelle sont nécessaires pour améliorer la prise encharge du diabète et de l’AOMI et améliorer les infrastructures pour une prise en chargeoptimale des patients à risque d'amputation en Afrique.