L’identité sonore de la ville, entre invariance et singularités

Abstract

Durant une quarante d’années, le designer Louis Dandrel s’est consacré à l’enregistrement de paysages sonores (Murray Schafer, 1977) naturels et culturels, et plus particulièrement urbains (Paris, Rio de Janeiro, San Francisco, Dakar, New Dehli, etc.). Collectés au sein d’une sonothèque, ces quarante mille enregistrements relèvent d’un projet archéologique visant à constituer une véritable archive sonore du monde de la seconde moitié du XXème siècle. Entre sons et bruits des éléments naturels et des pratiques quotidiennes, la ville est rythmée par une vie sonore riche, constitutive de son identité. À partir d’un corpus de quelques paysages sonores urbains extraits de cette sonothèque enrichie par Simon Cacheux et Alain Richon, cet article a ainsi pour objectif de mettre en évidence les structures sensibles de l’identité sonore de plusieurs villes. Inscrite dans une perspective phénoménologique, notre analyse portera sur la structure iconique (Bordron, 2011) du son saisi pour lui-même et non en référence à la source qui le produit. Plus particulièrement, nous montrerons comment cette structure phénoménale, plan de l’expression de la sémiose perceptive, peut devenir, à un niveau sémiosique supérieur, un texteénoncé, ou langage articulé, qui configure, à partir du plan de pertinence des pratiques (Fontanille, 2008) et selon un rapport logique ou arbitraire, les traits distinctifs de la structure de la ville. Ainsi, il s’agira de mesurer les invariants de cette identité, à l’origine de la structure sonore canonique de la ville, mais également les singularités, autrement dit les propriétés spécifiques de chaque ville étudiée.