Gustav Špet : l'héritage et la critique de Humboldt comme accomplissement d'une innovation scientifique

Abstract

Bien que l'ouvrage de Gustav Špet de 1927, consacré à la forme interne du mot, se veuille simultanément un travail d'interprétation de l'oeuvre de W. von Humboldt, il est important de montrer que la démarche de Gustav Špet se fait sur la base de l'héritage d'autres oeuvres et d'autres courants en provenance d'Europe occidentale, et qui ont marqué, en Russie, le contexte intellectuel des années 1910. Ainsi, dans l'ouvrage de 1914, Javlenie i smysl [Le Phénomène et le sens], la phénoménologie avait joué un rôle important dans la mise en place d'une structure à portée ontologique, susceptible d'expliquer tous les processus de production de sens. Mais l'influence de la philosophie anglo-saxonne avait alors déjà conduit G. Špet à orienter sa présentation de Husserl vers la philosophie du langage, et, entre 1914 et 1927, d'autres influences importantes interviendraient, comme celle de Dilthey, faisant évoluer la réflexion de Gustav Špet jusqu'à lui donner l'épanouissement et l'envergure qu'elle devait acquérir dans les années 1920. Dans cet article nous reviendrons sur la genèse et l'évolution de la pensée de Gustav Špet pour tenter de comprendre sur quoi se base concrètement l'interprétation critique de la pensée de Humboldt, et ce que devient la forme interne du mot dans la perspective d'une philosophie du langage qui se veut à portée ontologique. Dans cette perspective, le développement de la forme interne en algorithme de la création nous apparaîtra comme l'étape ultime d'une réflexion qui, depuis ses débuts, a cherché à fonder tous les processus de constitution de sens, et donc, par voie de conséquences, celui de la constitution de la culture.