Une révision de la séquence de la Riera (Asturies) et la question du Badegoulien cantabrique

Abstract

Une nouvelle interprétation de la séquence de la Riera (Asturies) est proposée à partir d'une analyse pluridisciplinaire incluant le paléoenvironnement, l'approvisionnement en matières premières lithiques, les témoins du débitage et les industries lithiques et osseuses. Après un bref rappel sur le modèle établi par L.G. Straus, la révision du cadre paléoclimatique souligne un contexte steppique pour l'ensemble de la stratigraphie, avec quelques épisodes plus humides, hormis le sommet de la séquence correspondant au réchauffement tardiglaciaire (« Bølling / Allerød »). L'analyse des matières premières et du débitage met en évidence une économie de subsistance essentiellement locale pour la fin du Solutréen et le Badegoulien, coïncidant avec le maximum glaciaire, au contraire du début du Solutréen et du Magdalénien où une circulation le long de la côte cantabrique et jusqu'au sud du bassin aquitain est envisageable. Les résultats du traitement statistique des industries lithiques révèlent la présence de plusieurs faciès industriels en succession stratigraphique, dont une entité nouvelle : le Badegoulien cantabrique. Une étude typologique démontre l'existence de continuités et de discontinuités entre ces différents faciès. L'industrie osseuse souligne par ailleurs de fortes convergences entre le Solutréen et le Badegoulien. Cette structuration est ensuite confrontée aux autres données situées entre 22 000 et 16 000 BP dans les Cantabres. Malgré l'ancienneté de la plupart des recherches, la succession des industries est en accord avec celle de la Riera, ce qui nous permet de confirmer la validité de ce nouveau modèle reconnaissant l'existence du Badegoulien cantabrique, dans un même environnement climatique froid et humide. Enfin, les auteurs discutent du problème des transitions Solutréen / Badegoulien et Badegoulien / Magdalénien dans les Cantabres et de la structure interne de Badegoulien cantabrique.