Noms propres, catégorisation et rapport au monde

Abstract

Ce chapitre de l’ouvrage collectif Nomination et organisation sociale (2012) s’attache particulièrement aux phénomènes cognitifs – la cognition étant prise comme le vaste champ s’intéressant à l’acquisition et à l’organisation des savoirs – l’ethnographie rassemblée dans ce volume montre que toute étude contextualisée de la nomination renvoie aux modes de classification d’une part, au fonctionnement sémantique d’autre part. L’ethnologie apporte une contribution importante sur le sujet, mettant en perspective et en débat les propositions, souvent spéculatives et ethno-centrées, des disciplines constituant les sciences dites cognitives (philosophies du langage et de l’esprit, psychologie cognitive et neuropsychologie, intelligence artificielle, ethnosciences, linguistique cognitive…). Une très large place est laissée à cet apport et des aspects saillants en sont discutés. Plusieurs contributions du volume montrent, en effet, que la compréhension de ce que sont les noms propres et de leur fonctionnement passe par l’analyse des processus et des phénomènes de catégorisation en prise étroite et directe avec les contextes d’énonciation et le monde social où s’enracine une signification dense (phénomènes d’indexation, de sédimentation, de condensation des références, des coordonnées, et du sens). Dans cette perspective, l’anthropologie – sociale, culturelle et linguistique – offre, du fait de son intérêt scrupuleux pour les données de terrain et de son ouverture disciplinaire, des outils méthodologiques et théoriques particulièrement performants.