Considering wetlands in their functioning area to a territorial approach of wetlands strategies

Abstract

Les politiques publiques relatives aux zones humides tendent à les exclure des dynamiques géohistoriques dont elles sont issues. Les inventaires créent un dedans et un dehors, le prisme réglementaire extrait le dedans des dynamiques territoriales et considère sans incidence les aménagements en dehors, il exclut les acteurs locaux et cristallise les tensions. Dans ce contexte conflictuel, comment apporter une réflexion territoriale renouvelée quant aux stratégies d’action ? Dans l’objectif de révision de son Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse a engagé avec La Tour du Valat et l’UMR Passages CNRS une recherche sur les espaces de fonctionnement des zones humides dont l’idée est de desserrer l’étau réglementaire sur les zones d’inventaire en contrepartie de leur intégration dans leur espace de fonctionnement. La réflexion est ancienne, elle est désormais le support d’une thèse de doctorat qui propose une réflexion simultanée sur deux espaces : l’espace d’inventaire et son espace de contextualisation, modélisé à partir des caractéristiques abiotiques. Le relief et la géologie sont invariants à l’échelle humaine, combinés avec des données d’usage du sol, ils traduisent la trace des processus géohistoriques et les trajectoires d’artificialisation. Cet espace donne du sens aux inventaires en révélant la structure du territoire et les continuums fonctionnels dans lesquels ils s’inscrivent. La méthode doit permettre une négociation avec les acteurs locaux pour une reterritorialisation des zones humides. Le schéma théorique s’applique à tous les types de zones humides du bassin RMC, des tourbières sud-vosgiennes au delta du Rhône, la mobilisation de la géographie numérique doit le rendre opérant dans l’ensemble de ce bassin. L’outil constitue également un cadre commun pour réaliser des comparaisons temporelles et spatiales. Il invite à reconsidérer le mouvement d’attraction-répulsion entre les usages sociaux et « ces écosystèmes sensibles dont la gestion requiert de comprendre les mécanismes de formation et de fonctionnement » (appel à contribution du colloque). Pour éviter les conflits liés aux délimitations, l’ambition est de fournir cette information sous la forme raster qui abolit ce que nous pourrions considérer comme la dictature de la limite. L’espace de fonctionnement apporte matière à négociation dans le processus de reterritorialisation pour repérer les opportunités (déprise agricole, friches industrielles, etc.) propices aux projets de restauration. L’ambition est de sortir des logiques ségrégatives pour une approche intégrative.