Masculin/féminin: questions pour la géographie

Abstract

Ce numéro de l'Information Géographique illustre quelques questions qui nous paraissent ouvrir les études de géographie féministe vers d'autres perspectives. La première est de savoir si une vision essentialiste de la différence des sexes a participé à façonner la connaissance du monde en général et la géographie en particulier. De même qu'il a bien fallu, à un moment de notre histoire, " décoloniser la géographie " pour mieux comprendre le monde à partir de points de vue décentrés, nous devons nous interroger sur la description sexuée des espaces et sur le sens caché que peut avoir une science géographique entièrement construite par des individus de sexe masculin. La deuxième, partant d'une approche relationnelle des sexes et observant qu'ils sont socialement construits par des rapports d'opposition, interroge les arrangements qui s'opèrent sur l'espace, pris comme un continuum de lieux mixtes ou non mixtes, masculins ou féminins, plus ou moins hétéronormatifs et prescriptifs des codes de genre, selon les variations culturelles qui les organisent en conformité, transition ou transgression de la norme d'usage. La troisième interroge l'intersectionnalité d'autres rapports de domination avec le genre sur l'espace. Le genre n'est-il pas en lui-même un savoir situé ? Quelles sont les variations des modèles masculins et féminins en usage au cœur des métropoles et dans les périphéries ? Quel est le sexe des migrant.e.s des pays pauvres ? A travers les exemples qu'elles.ils choisissent, les auteur.e.s s'attachent à montrer comment ces rapports de domination peuvent se cumuler ou s'atténuer, et les infinies variations qu'ils répercutent sur l'usage et la transformation des lieux.