Protocoles interfaciaux : quand le design contemporain participe de la conversation sociale

Abstract

Depuis plus d’une décennie, le design tend à s’imposer de manière totalement ambivalente comme discipline médiatrice et régime de la conception de médiations, promptes à soutenir l’émergence de projets sociétaux originaux (Mau, 2004). Les Sciences sociales, en particulier l’anthropologie et la sémiotique ont décrypté les processus génératifs de la signification sociale qui président aux objets, et les mettent en œuvre dans nos quotidiens. Ce sont des outils heuristiques pour le design. Ces appareils théoriques nous ont en effet familiarisés aux processus des logiques interrelationnelles des objets : leurs capacités d’infiltration et de résonance dans les tissus sociaux et bien évidemment psychiques, et de facto les manières dont elles influent nos modes d’être-au-monde.Notre contribution propose d’examiner le design contemporain dans le cadre de sa confrontation au concept de vie interfaciale. Notre hypothèse de travail pose les phénoménalités des protocoles interfaciaux du design comme réponse aux mutations du contexte social et culturel à l’œuvre dans nos sociétés. Au-delà des activités de production de nos environnements artificiels, et de nos artefacts, nous devons y voir un design qui en concevant pour et avec les usagers, participe à la « conversation sociale » (Manzini, 2015). Dans ce cadre renouvelé, la communication est essentielle, c’est la raison pour laquelle le design s’y ajuste en élaborant des « protocoles interfaciaux » ad hoc.