Le temps des connexions : modalités réticulaires du design collaboratif

Abstract

L’engouement pour les activités de conception depuis les lieux d’expérimentation que sont les fablabs, et l’infinie diversité des plateformes participatives, diffuse dans notre quotidien une réelle innovation démocratique de type « bottum-up » (Manzini, 2014), des plus populaires. Valeur émergente de notre société, le paradigme de la contribution prend aujourd’hui, en effet, les aspects d’un « manifeste du faire » (Chaptal de Chanteloup, 2016). Celui-ci, trouve une résonance dans les valeurs éthiques et sociales du design, sur un terrain contributif aspirant à « concevoir en fonction d’un idéal du monde un dispositif artefactuel complexe […] qui vise, de manière créative et innovante, à améliorer l’habitabilité du monde » (Vial, 2015 :40) avec les acteurs de terrain que sont les usagers-destinataires. Les nouvelles technologies ont à la fois démocratisé les outils d’invention et les outils de production, et révélé que finalement nous étions tous des « makers » (Anderson, 2012 :10). Conjointement à la prise de conscience de la nécessité de choisir des modes de vie alternatifs et soutenables, nombreux designers initient des projets participatifs : avec l’intention d’accompagner la transition sociétale en cours, ils espèrent créer des conditions idéales de connexion et de partage des savoirs experts et profanes. Notre mise en lumière des modalités réticulaires du design, va s’appuyer sur les spécificités de trois projets exemplaires. Notre ambition sera celle de pointer les ressorts de l’expertise du design qui en font, aujourd’hui, un acteur de terrain capable de produire et connecter des idées, de replacer l’humain au centre de ses prérequis, et de prôner la participation des publics, comme nouvelle priorité. Enfin, nous tenterons de mesurer les avantages et les risques de ce nouvel écosystème de conception et de production participative face à la convoitise des marchés.