Contrôler l'évolution : anatomie d'une croyance occidentale

Abstract

L’idée d’augmentation humaine qu’on associe traditionnellement au mouvement transhumaniste est loin de se réduire à cette simple filiation. Elle s’inscrit dans un projet plus large « de prise en main de l'évolution et de dépassement de la condition humaine » dont l’eugénisme, première science appliquée des théories évolutionnistes, a posé les bases il y a maintenant plus d’un siècle. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence fortuite si les premières occurrences du mot « transhumanisme » apparaissent précisément dans la première moitié du XXème siècle occidental chez des ingénieurs (comme Jean Coutrot en France) ou des biologistes évolutionnistes (comme Julian Huxley en Angleterre) conquis à la doctrine eugéniste. L’eugénisme, comme le transhumanisme aujourd’hui, ont fondé leur entreprise technoscientifique sur la croyance en un hypothétique contrôle des mécanismes évolutifs. Inextricablement liée aux découvertes des naturalistes du XIXème siècle, c’est cette croyance et les imaginaires qui s’y rapportent que je souhaiterais interroger dans l’espace de cette contribution.