Incidents de cérémonies et conflits de préséance dans la société française au temps de Louis XIV

Abstract

Cette thèse visera à approfondir l’étude de la mobilité des hiérarchies sociales par le biais des incidents qu’elles ont provoqués. Il s’agira d’apprécier l’importance accordée aux incidents de cérémonies à travers leur nombre et récurrences par leurs contemporains. Pour le Mémoire de Master, la source historique choisie et étudiée afin de traiter ce sujet a été la grande œuvre de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, les Mémoires. Produite à la période étudiée, cette œuvre monumentale et majeure est une mine d’informations pour tout historien sur le règne et la Cour au temps de Louis XIV. Saint-Simon est dans ses Mémoires particulièrement attentif aux moindres transgressions au cérémonial, aux événements se rapportant à l’étiquette, ce qui répondait parfaitement aux attentes du travail de mémoire de Master. Les incidents relevés concernaient les cours européennes et extra-européennes, la Cour de Louis XIV ainsi que la ville essentiellement à travers les parlements. Pour la thèse, j’envisage d’étendre mon champ de recherche non plus aux seules élites mais à toutes les couches de la société française. Pour y parvenir, les sources seront riches et variées. Le travail grâce à la source des Mémoires de Saint-Simon pourra être en partie réutilisé et enrichi. Toutefois pour la thèse, l’étude s’étendra avec les sources d’autres mémorialistes. Seront mis à contribution les textes plus officiels comme les registres tenus par les maîtres de cérémonies et chambellans. Les journaux tenus par les courtisans et les nobles seront également très utiles ainsi que les différentes gazettes. Enfin, seront dépouillés les archives parlementaires avec notamment les procès-verbaux et comptes-rendus de procès de préséance. Ce travail sera essentiellement effectué dans les archives des villes de Paris et Bordeaux. Le champ d’études des incidents de cérémonie et conflits de préséance ira de la société de cour jusqu’aux municipalités. Ainsi tout le prisme de la société sera observé pour mieux comprendre les différents enjeux que représentaient les conflits de préséance. Les incidents et conflits de préséance étaient omniprésents mais aussi et surtout symptomatiques des comportements et enjeux de la société d’Ancien Régime. Les différents objectifs seront de montrer que les cérémonies étaient particulièrement appréciées pour exhiber la majesté de la monarchie ; ils étaient des enjeux tant les règles y étaient précises, instrumentalisées afin d’engager des épreuves de force pour parvenir à élever son statut par rapport à ses pairs quel que soit le rang social. Avec le sens aigu des hiérarchies dans l’Ancien Régime, les questions de préséance, d’honneurs et de distinctions comme préoccupations majeures, l’étude de ces incidents et conflits auront pour but de comprendre la compétition qui en découlait. Il existait un véritable dilemme entre faire en sorte que chacun soit bien à sa place selon son rang et traité comme il se devait en matière d’honneurs et l’enjeu que représentait un incident lorsqu’il était engagé. L’incident était redouté de tous les plus grands spécialistes tant il pouvait bouleverser l’ordre établi. On se tournait vers les autorités compétentes pour régler tout conflit, que ce soit les introducteurs des ambassadeurs, les maîtres des cérémonies et le roi lui-même. Le roi s’affirmait comme arbitre dans les questions de rang et les affaires d’étiquette. Les incidents de préséance ne trouvaient pas toujours leur source dans les cérémonies. Ce sera un autre point important de la thèse qui n’avait pas été abordé dans le mémoire de Master. Les conflits de préséance ne seront pas vus uniquement dans les cérémonies mais réellement en toutes occasions pour pouvoir les considérer dans leur globalité et spécificité.