Les entrées et sorties du trafic de femmes insérées socialement. Motivations, pratiques et relations avec la police

Abstract

Pourquoi et comment les femmes insérées socialement s’engagent-elles ou se désengagent-elles de la vente de drogues, et quelle est l’influence de la police sur ces sorties du trafic ? Les résultats présentés durant cette communication reposent sur 26 entretiens réalisés avec des femmes usagères-revendeuses de drogues insérées socialement, et sur 10 entretiens effectués avec des policiers de la ville de Bordeaux. Les participantes s’inscrivent dans une démarche d’usage-revente : vendre des drogues leur permet de financer leurs propres consommations. La vente de drogues leur permet aussi d’acquérir un statut social au sein de leur groupe de pairs. Les participantes disent n’avoir que très peu peur de la police : elles n’ont jamais été arrêtées pour un motif lié aux drogues et se savent bien moins contrôlées que leurs homologues masculins. Les policiers justifient l’invisibilité des femmes dans les infractions à la législation sur les stupéfiants par des stéréotypes de genre et des préjugés culturalistes sur les dealers, qui seraient forcément des maghrébins musulmans sexistes. De fait, la police n’a que peu d’influence sur les sorties des trafics de ces femmes : les participantes arrêtent de vendre des drogues parce qu’elles diminuent leurs usages, n’ont plus besoin de vendre pour financer leurs consommations ou se lassent des risques inhérents au milieu du deal.