En Afrique, faire avec les lieux du commerce bon marché entre ville et campagne

Abstract

Comment des vendeurs d'articles bon marché en Afrique contribuent-ils à l'intégration des relations urbain-rural à l'économie mondialisée ? Comment la circulation amplifiée de la pacotille chinoise s'accompagne-t-elle de mobilités sans précédent ? Ce chapitre interroge les relations entre le développement de la route commerciale des pacotilles 1 chinoises entre ville et campagne et l'essor de modes d'habiter inédits. La particularité de ces marchandises est qu'elles sont disponibles, accessibles, adaptées aux pouvoirs d'achat et aux capitaux limités. Cela favorise des échanges de grands comptoirs commerciaux jusqu'à des marges rurales. Pour assurer le commerce de ces marchandises, une myriade de vendeurs se déplacent de la ville à la campagne et vice versa selon des distances et des rythmes variés. Les mobilités inhérentes à ce commerce conduisent les vendeurs itinérants à modifier leurs pratiques spatiales et leurs relations à l'espace. Ceci étant, dans quelle mesure le développement de la route marchande contribue-t-elle à des connexions inédites entre des acteurs et des lieux diversifiés, recomposant les rapports ville-campagne et des modes d'habiter ? La route marchande est l'ensemble des acteurs et des lieux reliés de manière durable au regard de relations commerciales. Quels sont les lieux qui participent à ces circulations et comment sont-ils organisés ? « De quelles façons les lieux géographiques font partie des pratiques et comment les individus font avec les lieux géographiques, comment les lieux sont co-constitutifs des pratiques » (Stock, 2004, p. 9) ? Il s'agit de prendre en compte les pratiques, les représentations des acteurs vis-à-vis des lieux, les manières de faire qui ont un sens, autrement dit les modes d'habiter (ibid.). L'espace d'analyse privilégié est celui qui est organisé par les mobilités.