Les Bandits. Un historien au Mozambique, 1994

Abstract

En 1994, dans le cadre du Groupement de recherche sur l’Afrique australe du CNRS, Michel Cahen partit suivre les premières élections pluripartisanes de l’histoire du Mozambique. Le pays sortait d’une terrible guerre civile qui, loin des médias, fit peut-être un million de morts sur environ quinze millions d’habitants. La rébellion de la Renamo (Résistance nationale du Mozambique) luttait contre le régime « marxiste-léniniste » du Frelimo, le Front de libération du Mozambique qui avait arraché l’indépendance aux Portugais en 1975. Et elle le combattait avec le soutien, d’abord, de la Rhodésie de Ian Smith, puis de l’Afrique du Sud alors en plein apartheid.Classique guerre Est-Ouest par acteurs locaux interposés ? Contre-révolutionnaires au service des racistes blancs ? Sans doute, mais… Comment comprendre l’incapacité du gouvernement « populaire » à les vaincre ? Comment comprendre l’expansion des activités de guérilla à presque 80 % du territoire ? Et comment se faisait-il que plus d’un tiers des Mozambicains, en cet automne 1994, s’apprêtaient à voter pour elle ?Michel Cahen, de formation marxiste revendiquée, n’avait aucune sympathie pour la Renamo. Mais il fallait, en historien, comprendre le phénomène. C’est pourquoi il s’intégra à l’équipe de campagne d’Afonso Dhlakama, le chef rebelle candidat aux élections présidentielles, puis visita des zones de vieille implantation « réactionnaire ».Ainsi sont nés ces carnets de route, issus de la visite de près d’une centaine de villes, bourgs, villages et localités de brousse, au cœur de l’actualité mais avec, en permanence, l’histoire du siècle colonial et de ses marginalités qui ressurgit.Ce n’est pas un roman, mais on y découvre des histoires de vie, et les efforts du régime pour repousser des rebelles en mal d’intégration vers la marginalité…