Évaluation du risque cardiovasculaire induit par la prise de cannabis à partir d’une série de 43 cas autopsiques

Abstract

Objectif : cette étude observationnelle autopsique monocentrique (IML et laboratoire de Pharmacologie-Toxicologie de l’hôpital Raymond Poincaré, Garches) a pour objectif de confirmer l’existence d’un lien, suggéré dans la littérature, entre la consommation de cannabis et le risque cardiovasculaire. Elle a pour but de montrer l’existence d’une association entre le mode de décès de sujets ayant du THC dans le sang et la présence d’un terrain cardio-vasculaire particulier afin de discerner un sous-type de population plus à risque de décès lors de la consommation de cannabis. Cette étude permettra également de caractériser la population autopsiée à l’IML de Garches consommatrice de cannabis et de déterminer le type de consommation. Matériel et méthodes : cette étude repose sur l’analyse des données autopsiques, anatomo-pathologiques cardiaques ainsi que toxicologiques sanguines (n=43) et capillaires (n=37) par LC-MS/MS afin d’objectiver la consommation de cannabis et d’autres expositions éventuelles, notamment tabagique, médicamenteuse et la prise d’autres drogues (cocaïne, héroïne et amphétamine). Un test de Fischer a été utilisé pour les statistiques. Résultats : cette étude met en avant une association statistiquement significative (p <0,001) entre la prise de cannabis, un mode de décès indéterminé et la présence d’un terrain arythmogène. Elle met également en évidence une association avec la présence d’une maladie coronarienne évoluée (p=0,01) ainsi qu’une cardiopathie (dont ischémique, p=0,003) ou d’une cardiomyopathie (p=0,01). Conclusion : le cannabis pourrait, par son action vasculaire systémique, être à l’origine d’une décompensation d’un terrain cardiaque à risque (notion de trigger) confirmant les données de la littérature. Les résultats de cette étude suggèrent, dans une période où la question de la légalisation du cannabis est d’actualité en France et déjà votée dans certains autres pays du monde, que la hausse de la consommation de cannabis pourrait entraîner une hausse de mortalité chez les consommateurs présentant un terrain à risque cardio-vasculaire avec des décès survenant de façon accidentelle.