L’attractivité territoriale : servuction et réseaux dans l’action publique locale
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Numérique, action publique et démocratie, Numérique, action publique et démocratie. 2021
Abstract
Ouvrage publié par le CIRIEC France sous la direction de Philippe BanceLiens vers les publications d'ouvrages :Ouvrages récents CIRIEC France : http://www.ciriec.uliege.be/notre-- - reseau/sections-nationales/france/publ ...Read more >
Ouvrage publié par le CIRIEC France sous la direction de Philippe BanceLiens vers les publications d'ouvrages :Ouvrages récents CIRIEC France : http://www.ciriec.uliege.be/notre-- - reseau/sections-nationales/france/publications/Ouvrages récents CIRIEC International : http://www.ciriec.uliege.be/publications/ouvrages/Le CIRIEC (Centre International de Recherches et d’Information sur l’Economie Publique, Sociale et Coopérative) est une organisation scientifique internationale non gouvernementale.Ses objectifs sont d’assurer et de promouvoir la collecte d’informations, la recherche scientifique et la publication de travaux concernant les secteurs économiques et les activités orientés vers le service de l’intérêt général et collectif :• l’action de l’Etat et des pouvoirs publics régionaux et locaux dans les domaines économiques (politique économique, régulation) ;• les services publics ;• les entreprises publiques et mixtes aux niveaux national, régional et local ;• l’économie sociale : coopératives, mutuelles et associations sans but lucratif, …Dans ces différents domaines, le CIRIEC développe des activités qui intéressent tant les gestionnaires que les chercheurs scientifiques.Résumé de l'article : Elizabeth GARDEREProfesseur des Universités, Université de BordeauxChercheur au MICA, Université de Bordeaux Montaigneelizabeth.gardere@u-bordeaux.frL’attractivité territoriale : servuction et réseaux dans l’action publique localeLe programme de transformation de l’« Action publique 2022 » initié en 2017 a pour objectif de simplifier les démarches administratives et collectivités publiques en passant au numérique à l’horizon 2022 avec la mise en place d’une « plateforme numérique de l’État » expérimentée dès 2020. En responsabilisant les citoyens dans une logique de servuction, au moyen d’une collecte massive des données personnelles des citoyens via des réseaux numériques, le projet envisage l’instauration d’un service dit de confiance, sous couvert de l’impératif de proximité et de transparence. Dans une dynamique d’amélioration de l’efficacité des services publics devenus action publique depuis la RGPP et la MAP, l’efficience de la sphère publique rejoint les indicateurs de performance du monde entrepreneurial. Le développement « Smart City » (Choppelet, 2018) et la démocratie participative en ligne comme outil de publicisation ou de discussion et partage d’informations dans l’Agora (Gardère, 2008), en sont des illustrations. De telles impulsions émanent de l’État français au profit des changements technologiques à grande échelle. Les technologies sont considérées par les pouvoirs publics comme vectrices de progrès, de croissance économique, d’emploi et de lien social. Si l’État tend à favoriser « le développement des NTIC en incitant les entreprises et les citoyens à les utiliser » (Zetlaoui, 2016) n’a donc rien de surprenant. En effet, l’innovation apparaît souvent, à l’aune de la « révolution numérique » (Imhoff, 2017), comme un impératif qui projette « les entreprises et plus généralement toutes les organisations privées et publiques (…) dans le couloir du digital » (Autissier et al, 2014). Les organisations, publiques et privées, déploient des dispositifs allant du site Web au système d’information qui s’alimentent d’une masse de données (cf. Claverie, LeBlanc, Fouillat, 2013). Malgré cette dynamique d’innovation technologique nationale, le déploiement des services publics numériques dans les collectivités locales, n’endigue pas l’exclusion des citoyens qui renoncent parfois à leurs droits faute d’éducation numérique. Cette observation appuyée d’études récentes porte sur les inégalités dues à la dématérialisation des services publics et pointent une nouvelle fracture sociale pouvant conduire à « une nouvelle forme d’exclusion que l’on peut résumer par l’expression d’illectronisme » (Rouet, 2000 ; Martins, 2004). Selon Deverchère (2017) « en 2016, on estime qu’un tiers de la population française serait potentiellement en difficulté face à la transition numérique. ». Le Défenseur des droits (2019) alerte quant à lui sur les risques que la dématérialisation des administrations fait peser sur les libertés publiques et l’accès aux droits de l’ensemble de la population. Bien que la digitalisation des services publics puisse constituer un levier démocratique pour améliorer le service rendu aux usagers, elle participe simultanément à de nouveaux risques d’exclusion, tant économique, sociale, technologique que territoriale. La question de l’exclusion est centrale tant au niveau opérationnel, décisionnel que politique, et interroge sur l’avenir de la digitalisation généralisée des administrations à l’horizon 2022. Cette préoccupation croît dans la sphère publique et politique nationale où pléthore d’initiatives en faveur de l’« e-inclusion » (CNNum, 2013) s’inscrivent depuis septembre 2018 dans le cadre du « Plan national pour un numérique inclusif » porté par Mounir Mahjoubi, alors secrétaire d’État en charge du Numérique. « La médiation numérique reste donc un enjeu majeur » (Caclard, 2012). Elle s’avère toutefois insuffisante au regard de l’ampleur du phénomène de numérisation des administrations, et de décrochage croissant de la population. La tendance du e-marketing territorial ancre la volonté d’une attractivité territoriale qui dépasse les frontières des nouvelles régions et campagnes traditionnelles locales. L’enjeu est celui d’accroître l’e-réputation du territoire pour son attractivité économique, touristique ou d’écosystème. Street-marketing, marque de territoire, lissage de la fracture numérique sont au cœur du dispositif technique et politique sur la base du postulat que le numérique développe d’avantage d’espaces collaboratifs et coopératifs et décuple la visibilité et lisibilité pour pallier les efforts parfois peu récompensés de proximité avec le citoyen pour des raisons d’hyper individualisation. Le cas en 2015 de l’initiative de la marque « Osez Bordeaux » dans le cadre de la création de Bordeaux Métropole par décret du 23 décembre 2014 pris en exécution de la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (loi MAPTAM) du 27 janvier 2014, par transformation de l'ancienne Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) en est l’étude de cas. Par approche méthodologique comparative, l’analyse des pratiques a démontré que cette marque de territoire émanant d’Alain Juppé était de partager les valeurs d’une ville « que le nom de Bordeaux soit au centre de cette marque. Mais il lui fallait donner un sens, une dynamique, et le verbe Oser s’est imposé ». Désormais instituée et reconnue, cette marque de territoire a disparue laissant Bordeaux Métropole garant de son aura avec la réforme des territoires. En 2020, 20 métropoles sont recensées contre 14 en 2017 selon l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoire (CGET) donnant à ce statut institutionnel de métropolisation (dont certaines sont issues de communautés urbaines et d’autres de communautés d’agglomération) offre un bassin d’emplois et de services accrus avec des déploiements numériques accélérés. Des stratégies d’influence entrent en scène autour de projets économiques et de développement d’accessibilité (infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires, immobilières, etc.) dont les effets devraient générer de bonnes pratiques durables et éco-citoyennes de proximité. La cohérence du discours, des projets et de l’image relayé par le numérique. Des indicateurs d’audience, de consultation, de participation, permettent d’ajuster la pertinence des contenus dans une co-production politique-citoyen.Le cas de la plateforme logistique de Mouguerre (en Nouvelle Aquitaine) est pionnier. Centre de fret européen c’est un carrefour d’échange, une zone à ferroutage qui regroupe des entreprises et entrepôts de marchandises pour une économie plus durable. Ce projet pour attirer des acteurs européens est relayé par le marketing territorial faisant alliance avec les intérêts économiques des entreprises implantées sur site. En conclusion, rendre le citoyen responsable dans une logique de servuction où il est acteur et co constructeur de son profil numérique des services publics tend à mobiliser l’acceptabilité sociale du projet, l’apprentissage et l’usage de l’immatériel en évitant les effets de primo-accédant qui découvre puis n’accède plus aux plateformes et services numériques territoriaux, de développement catégoriel dans l’intérêt général et particulier. Les piliers d’actions forment un triptyque autour de la mobilisation des acteurs, la maitrise de la connaissance de l’offre territoriale, et les attentes et critères de décision des citoyens. Si le glissement des pratiques entrepreneuriales d’évaluation vers les services publics se met en place, « l’évaluation des services publics des usagers » selon le Rapport Attali (2008) ne réduit pas la proximité, bien au contraire, elle contribue à une amélioration continue des services dématérialisés et est un outil d’aide à la décision en tenant compte du taux de satisfaction et de retour des citoyens. Constat qui peut faire l’objet de controverse si l’on considère qu’« une multiplication des lieux de pouvoirs rend illisible les politiques publiques » (Horgues-Debat, 2008). Si le nouveau management public (NMP) tend à une forme métaphorique de marchandisation des services publics qui par nature ne le sont pas, il ouvre la voie à l’application de modèles de rentabilité, d’économie d’échelle, de visibilité à l’échelle internationale dans une logique de libéralisation.Read less <
Keywords
Numérique et traçabilité sociale
Servuction
Communication politique et publique
Attractivité territoriale
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Hal imported