Stabilité psychométrique des critères diagnostiques du DSM-5 pour les troubles de l’usage de substances et valeur prédictive du craving sur l’usage de substance selon le contexte de soin. Dans quelle mesure le craving diffère-t-il des autres critères diagnostiques ?
Langue
fr
Thèses de doctorat
Date de soutenance
2019-12-18Spécialité
Neurosciences
École doctorale
École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Bordeaux)Résumé
Introduction : La perte de contrôle de l’usage d’un objet source de gratification est au centre de la définition de l’addiction ou trouble de l’usage. La validité psychométrique des critères diagnostiques du trouble de ...Lire la suite >
Introduction : La perte de contrôle de l’usage d’un objet source de gratification est au centre de la définition de l’addiction ou trouble de l’usage. La validité psychométrique des critères diagnostiques du trouble de l'usage de substances du DSM-5 a pu être testée pour plusieurs substances, mais l’ajout du craving et sa place comme critère diagnostique fait encore débat. Par ailleurs, un modèle comportemental de l'addiction a été proposé dans lequel les variations du craving comme phénomène dynamique seraient prédictives de la rechute, appuyant son ajout comme critère diagnostique de la perte de contrôle de l’usage. Cependant les études, à ce jour ont porté uniquement sur des échantillons d’usagers de substances dans une démarche de réduction de l’usage ou d'abstinence.L’objectif principal de ce projet de thèse est de tester la stabilité psychométrique des critères diagnostiques du trouble de l’usage du DSM-5 selon le contexte de soin, en apportant une attention particulière au rôle du craving, d’une part comme critère diagnostique, et d’autre part comme phénomène prédictif de l'usage. Des usagers de substances, recrutés dans des programmes de réduction des risques (HR), un environnement propice à l’usage, ont été comparés à des usagers de substances en demande traitement (TX) de réduction de l’usage ou d'abstinence.Méthode : La stabilité des 11 critères diagnostiques du trouble de l'usage de l’alcool, de la cocaïne, des opiacés, du cannabis et du tabac a été testée. Des analyses d'Item Response Theory (IRT) et le Differential Item Functioning (DIF), ont permis d'étudier le comportement des critères diagnostiques entre eux et par rapport au trait latent sous-jacent du trouble de l'usage, et de tester le fonctionnement des critères entre les deux populations. L'applicabilité du modèle comportemental a été testée parmi des sujets HR avec la méthode EMA (Ecological Momentary Assessment) qui recueille l’intensité du craving et l’usage de substance de façon répétée en vie quotidienne. La méthode HLM (Hierarchical Linear Model) a été utilisée pour analyser les liens prospectifs.Résultats : Quelle que soit la substance et le contexte de soin, les critères diagnostiques évaluant la perte de contrôle de l'usage, à la différence des critères diagnostiques de conséquences de l'usage, fonctionnent correctement et plus particulièrement le critère craving. Ce nouveau critère apparait comme le critère le plus sélectif, car il s’ajuste le mieux au modèle à un facteur, il est parmi les plus fréquents, il a un pouvoir discriminant plus marqué que les autres critères et repère les sujets avec un trouble de l’usage de substance peu sévère. L’EMA met en évidence le rôle prédictif du craving sur l'usage, quel que soit le contexte d'usage.Conclusion : Ce travail remet en question la pertinence des critères de conséquences de l'usage, de par leurs caractéristiques psychométriques moins performantes que les critères de perte de contrôle, et leur faible stabilité inter-échantillon. Ce travail souligne le rôle du craving comme moteur de l’usage et appuie son intérêt comme mesure diagnostique et pronostique de la perte de contrôle. Ces résultats pourraient faire de lui un marqueur spécifique et précoce de l’addiction facilement détectable et utilisable en clinique, et justifie qu’il puisse être une cible à privilégier des interventions thérapeutiques.< Réduire
Résumé en anglais
Introduction : Loss of control of use of a rewarding substance is the core of substance use disorders. The psychometric validity of the DSM-5 diagnostic criteria for substance use disorders was tested for several substances, ...Lire la suite >
Introduction : Loss of control of use of a rewarding substance is the core of substance use disorders. The psychometric validity of the DSM-5 diagnostic criteria for substance use disorders was tested for several substances, but the addition of craving as a diagnostic criterion is still debated. A behavioral model of addiction has been proposed in which craving intensity fluctuation over time predicts later use and relapse supporting its addition as a diagnostic criterion of the loss of control dimension. However, these previous studies focused only on samples of substance users attempting to reduce use or abstain.The main objective of this thesis project is to test the psychometric stability of the diagnostic criteria of the DSM-5 substance use disorders according to treatment context, paying particular attention to the role of craving as a diagnostic criterion and as a dynamic dimension. Substance users recruited in harm reduction programs (HR), a substance-use friendly environment and substance users seeking treatment (TX) to reduce or abstain from use were compared. Methods : The stability of the 11 diagnostic criteria for alcohol, cocaine, opiates, cannabis and tobacco use disorders was tested. The Item Response Theory (IRT) and Differential Item Functioning (DIF) analyses made it possible to study the behavior of the diagnostic criteria between them and in relation to the underlying latent trait of the use disorder, and to test the functioning of the criteria between the two populations. The applicability of the behavioral model was tested among HR subjects using the EMA (Ecological Momentary Assessment), collecting craving intensity and substance use repeatedly in daily life, to test the prospective link using the HLM (Hierarchical Linear Model) method. Results : Regardless of substances used and treatment context, the diagnostic criteria assessing loss of control worked correctly and more particularly the craving criterion, which was less the case for the diagnostic criteria related to consequences of use. As a diagnostic criterion, craving seems to be the most selective, because it fits better to the one-factor model, it is among the least difficult to be endorsed (more frequent), is the most discriminant and captures subjects with mild substance use disorders. The EMA study highlights the predictive role of craving on use, regardless of the context of use. Conclusion : This work questions the relevance of the criteria of consequences of use, because of their psychometric characteristics, which are less effective than the loss of control criteria, and their low inter-sample stability. This work highlights the role of craving as a driving force for use and supports its interest as a diagnostic and prognostic measure of loss of control. These results could make it a specific and early marker of addiction that can be easily detected and used in clinical practice, and justify its being a target for therapeutic interventions.< Réduire
Mots clés
Addiction
Craving
Neurosciences comportementales cliniques
Diagnostic
Critères diagnostiques
Mots clés en anglais
Addiction
Craving
Clinical Behavioral Neuroscience
Diagnosis
Diagnostic criteria
Origine
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