Analyse du refus de la vaccination antigrippale du personnel hospitalier sur l’hiver 2018/2019 : comparaison entre un hôpital rural sans campagne d’information et un service de CHU avec campagne d’information

Abstract

Le vaccin anti-grippal est recommandé chaque année en France pour tout personnel en contact régulier avec des patients. Or, selon les études, la prévalence de la vaccination anti grippale chez le personnel est de seulement 25 à 35% bien loin du taux de couverture voulu par l’OMS. L’objectif principal de cette étude est de déterminer les déterminants et les freins du refus de la vaccination contre la grippe par le personnel hospitalier. L’objectif secondaire est de déterminer s’il y a une différence dans le rapport au vaccin antigrippal entre un hôpital référence (service de gastro-entérologie du CHU) où une forte campagne d’information a été mise en place et un hôpital de campagne où la promotion de la vaccination fut réduite. Méthode : Il s’agit d’une étude épidémiologique, transversale, réalisée par autoquestionnaire anonyme auprès du personnel du service de gastro-entérologie du centre-hospitalo-universitaire du Haut-Leveque et du personnel du centre hospitalier de Saint-Palais. Le questionnaire utilisé a été retravaillé et tient pour base un questionnaire établi par le centre de coordination et de lutte contre les infections nosocomiales de Picardie. Il a été diffusé entre le 1er avril 2019 et le 25 avril 2019. Résultats : Nous avons recueilli 140 questionnaires au total sur les deux hôpitaux sur un total de 191 questionnaires distribués, soit un taux de réponse de 73.3%. Si on regarde les deux hôpitaux dans leur ensemble, on constate une prévalence de la vaccination antigrippale de 34% pour l’hiver 2018-2019. Si on regarde la prévalence de la vaccination antigrippale par fonction, il varie de 61.5% pour les médecins/internes à 15.2 % pour les « autres » en passant par une prévalence de 36.7% pour AS/ASH et 30.6% pour les IDE/IBODE/Cadres/étudiants paramédicaux. Parmi les répondants qui ne se vaccinent jamais contre la grippe, les premières raisons invoquées sont que le vaccin est trop peu efficace (35%), que le vaccin peut entrainer la grippe (26%), que le vaccin a trop d’effets secondaires (19%), l’impression de ne pas faire partie des personnes à risque (19%), d’être en bonne santé et que c’est donc inutile (17%). Les principales pistes pour améliorer la couverture vaccinale antigrippale pour le personnel hospitalier retrouvées dans notre étude sont le besoin d’une meilleure information sur le vaccin dans son ensemble que ce soit sur le plan de l’efficacité vaccinale, de la tolérance au vaccin, ou du risque occasionné aux patients si on ne se vaccine pas, de même une obligation vaccinale par la loi semble être un facteur incitatif. En ce qui concerne la comparaison entre les deux hôpitaux, il n’y a pas de différence statistiquement significative mis en évidence dans la prévalence de la vaccination, les déterminants du refus, les déterminants de la motivation ; en revanche on retrouve une différence statistiquement significative dans les mesures pouvant inciter à la vaccination dans les deux hôpitaux. Conclusion : Il semble que les principaux freins à la vaccination résident dans le fait que le personnel ne semble pas assez informé sur le vaccin antigrippal et que donc un effort doit être effectué sur ce point. Il semblerait plus utile de cibler certaines catégories socio-professionnelles qui semblent moins informées et donc moins vaccinées afin de majorer la prévalence vaccinale, ceci serait d’autant plus intéressant à réaliser que ce personnel semble demandeur d’information.