Impact du barrage de l’usine marémotrice sur la sédimentation dans l’estuaire de la Rance

Abstract

Rejoignant la Manche entre Dinard et Saint-Malo, les caractéristiques naturelles de l'estuaire de la Rance combinées à une amplitude de marée remarquable, jusqu'à 13,6 mètres en vive-eau, ont permis la mise en service en 1967 de la première usine marémotrice au monde. L'exploitation de l'usine induit des modifications du régime hydrologique à même de modifier la dynamique sédimentaire dans l'estuaire de la Rance. A l'initiative de l'EPTB Rance Frémur Baie de Beaussais, une étude a été menée pour y déterminer les taux d’accumulation sédimentaire à l’échelle de temps pluri-décennale au moyen du 210Pb (T1/2 = 22.3 ans) et du 137Cs (T1/2 = 30.08 ans). Une campagne de carottage, réalisée en mars 2022, a permis de prélever 19 carottes sédimentaires, réparties entre l’écluse du Chatelier au sud et le barrage au nord. Au laboratoire, toutes les carottes ont été ouvertes longitudinalement, photographiées, radiographiées puis échantillonnées en vue de la détermination de la teneur en eau, de la granulométrie et des radioéléments d’intérêt. Aux sites proches des rives ou dans des anses, les profils de 210Pbxs montrent souvent deux pentes dans l’évolution avec la profondeur de cet élément, dont la séparation se situe au niveau des couches où le maximum de 137Cs, attribué aux retombées des essais nucléaires (1963), est observé. Dans ce cas, les taux de sédimentation des couches les plus récentes sont supérieurs, d’un facteur 2 à 3, à ceux calculés pour les sédiments « pré-barrage ». Les résultats suggèrent qu’il y a eu une augmentation de la sédimentation dans les secteurs central et amont de l’estuaire de la Rance depuis la mise en service du barrage.