Des mammifères qui transgressent les frontières spatiales et symboliques : commentaires croisés sur les vaches corses divagantes et les sangliers bordelais
Language
fr
Communication dans un congrès
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Journée d'étude sur les géographies animales, 2025-01-13, Paris.
Abstract
L’exercice prend place dans le cadre d’une journée d’étude internationale francophone sur les géographies animales. Il consiste à mettre en dialogue deux articles parus dans le numéro spécial de la revue GéoRegards sur les ...Read more >
L’exercice prend place dans le cadre d’une journée d’étude internationale francophone sur les géographies animales. Il consiste à mettre en dialogue deux articles parus dans le numéro spécial de la revue GéoRegards sur les animaux sauvages en ville (N°16, 2023). Dans ce cadre, nous discutons l’article de Garçon et al. (2023) « Remettre les vaches à leur place. Les animaux divagants, à l’ombre d’un marronnier corse », au prisme de notre contribution au numéro : Marin et al. (2023) « Le sanglier urbain, impossible cohabitation ? Les disservices et le désarroi bordelais ». L’article de Garçon et al. porte sur l’évolution à l’état de liberté d’ongulés domestiques, dits divagants. Les auteurs exposent la multitude des acteurs humains, des représentations, des dispositifs réglementaires et sociotechniques de gestion, mais aussi la diversité des situations de divagation animale dans le contexte social et géographique corse. Ces résultats font écho au phénomène sanglier urbain, essentiellement sur quatre points. D’abord, au même titre que la transgression spatiale opérée par le sanglier gibier des espaces agroforestiers qui arrive en ville, la divagation des vaches met à l’épreuve la catégorisation des animaux. Les trajectoires de vie des animaux de rente sont entièrement intégrées dans des dispositifs zoo-sociotechniques. Si le bétail divagant s’en affranchit, il n’est toutefois pas sauvage au sens biologique. Enfin, dans quelle catégorie placer des animaux de production qui ne produisent pas ? Le deuxième point renvoie au brouillage des limites des mondes ruraux et urbains. L’élevage appartient au rural et à la ruralité, mais les vaches divaguent aussi bien à la campagne qu’en ville. Ici, ce n’est pas la ville qui s’étend, l’urbain qui imprègne le rural, mais bien le mouvement inverse dont il est question. Le troisième point de convergence est l’absence de place accordée à des animaux sources de disservices écosystémiques par les sociétés humaines. Le rejet ou la tolérance, tant des vaches divagantes que de l’espèce sanglier, dépendent de la balance entre services et disservices générés par le modèle animal. Le dernier point est celui d’une intensification du conflit entre humains et animaux à mesure de la perception d’une déresponsabilisation de l’éleveur à l’égard de ses bêtes, puis du basculement du conflit vers un conflit entre humains, dans lequel la dérive comportementale dénoncée n’est plus animale, mais humaine. Qu’il s’agisse de vaches ou de sangliers, la violence ne se limite pas au rejet et à la mise à mort d’animaux aux spatialités encombrantes, elle imprègne aussi les rapports entre humains concernés par la coexistence.Read less <
Keywords
Coexistence
Disservices écosystémiques
Catégorie
Ruralité / Urbanité
Conflits
Origin
Hal importedCollections