Disponibilité du phosphore du sol pour les plantes cultivées et statut acido-basique

Abstract

Cette intervention a pour objectif de présenter les processus physico-chimiques reliant la quantité du phosphore du sol disponible pour les plantes (Pdispo) et son statut acido-basique. La première partie présente les conséquences de changements de pH du sol sur les propriétés du sol et en particulier le statut acido-basique (CEC, Ca, K, Mg échangeable). Suivent les bases théoriques et expérimentales de l’évaluation fonctionnelle et mécaniste du Pdispo : détermination de la concentration des ions orthophosphates (H2PO4-, HPO42-) en solution et de leur transfert par diffusion à l’interface solide-solution des sols avec quelques chiffres pour souligner la grande variabilité de valeur selon les sols et, pour un sol donné, l’historique de fertilisation. La troisième partie illustre les multiples effets potentiels du statut acido-basique du sol sur la spéciation des ions P dissous et des constituants du sol avec pour conséquence la modification du transfert solide-solution des ions phosphate et de leur distribution entre les 2 phases. Les principaux éléments à retenir sont : 1.des pH inférieurs à 5-5.5 sont déconseillés car ils peuvent induire une toxicité aluminique préjudiciable à la croissance des plantes. L’acidité est le facteur essentiel de la dissolution de minéraux phosphatés insolubles de type apatitique dont l’usage est à réserver aux sols acides; 2.pour des pH compris entre 5.5 et 7.5, l’effet du pH et du chaulage sur la nutrition des plantes et le Pdispo reste un sujet de débats et controverses du fait de multiples effets indirects possibles qui varient selon les propriétés des sols (et du statut calcique en particulier) et de conditions expérimentales parfois peu représentatives des conditions rencontrées dans les parcelles agricoles. L’effet du pH semble plutôt secondaire par rapport à l’effet de la fertilisation phosphatée des agrosystèmes.3.dans les sols carbonatés (pH de 7.5-8.2), la précipitation de minéraux phosphatés peut pénaliser l’efficience de la fertilisation phosphatée. Une valeur de pH-eau autour de 6.5 est souvent considérée comme optimale pour l’absorption de P. Dans les études portant sur les liaisons entre pH et Pdispo, les autres composantes du statut acido-basique ne sont généralement pas prises en compte. Or, la CEC, les ions Ca2+, Mg2+ et la présence de CaCO3 affectent aussi la Pdispo en modifiant la distribution ions P dissous/ions P diffusibles et la cinétique de diffusion à l’interface solide-solution par les plantes. La prise en compte du statut acido-basique du sol et non pas seulement de son pH est une piste pour mieux comprendre les interactions sur Pdispo.