Cov’culture : analyser l’adaptabilité du spectacle vivant dans un contexte de changement

Abstract

Cette proposition de communication s’inscrit dans le cadre d’une recherche triennale (2021-2024), financée par la Région Nouvelle Aquitaine portant sur l’analyse de l’impact de la crise sanitaire sur le secteur professionnel de la culture de ce territoire. Durant la crise sanitaire, le secteur du spectacle vivant a dû grandement se mobiliser pour préserver le lien avec les publics et assurer la continuité de la création. Avec la fermeture des lieux culturels, les opérateurs et les médiateurs culturels ont ainsi expérimenté de nouvelles pratiques de transmission et de partage, via, par exemple, des actions menées en partenariat avec des structures socioculturelles et éducatives ; des propositions artistiques dans l’espace public et hors les murs ; ou encore l’intervention dans l’espace numérique devenu le temps du confinement et des contraintes de distanciation physique, l’espace privilégié de nos échanges. Ce recours au numérique pour diffuser, transmettre, communiquer a constitué un phénomène qui mérite ainsi d’être questionné. À l’inverse des structures patrimoniales qui numérisent massivement depuis les années 2000 leurs collections et expérimentent ainsi régulièrement de nouvelles formes d’adresse aux publics (expositions virtuelles, web-documentaires, plateformes de partage des données) (Andreacola, 2020 ; Badulescu et La Ville, 2019 ; Renaud et Tardy, 2015), ces pratiques de diffusion et de médiation en ligne restaient en effet et jusqu’à présent peu développées dans le secteur du spectacle vivant où la dimension expérientielle reste prégnante. Or, ces divers confinements ont souligné l’enjeu pour ces lieux culturels d’exister dans cet espace numérique et social, tout en prenant en compte les nouvelles pratiques culturelles et artistiques des individus (Donnat, 2007 ; Flichy, 2010, Glevarec, 2021, Jonchery et Lombardo, 2020). Cet usage conséquent du numérique pourrait être uniquement appréhendé comme une solution d’urgence, « faute de mieux ». Mais il peut également se questionner au regard des changements plus globaux et structurels auxquels le secteur est confronté. En effet, si le concept de crise peut être mobilisé pour souligner l’urgence à se saisir des problèmes, il se révèle cependant plus opératoire pour appréhender la situation actuelle comme une étape de changement, de mutation et de transformation (Morin, 2009). Afin d’appuyer ce raisonnement, ce colloque nous donne l’opportunité de présenter les premiers éléments de réflexion tirés de l’enquête que nous menons actuellement auprès des opérateurs de lieux de spectacle vivant en Nouvelle-Aquitaine et des médiateurs culturels de Gironde regroupés au sein d’un réseau animé par l’IDDAC, l’agence culturelle du département de la Gironde.