Ce qu'on peut apprendre du passé pour répondre aux défis de demain

Abstract

En juin 2023, la Haute École Spécialisée en viticulture de Changins (Suisse romande) fêtait ses 75 ans. Dans ce cadre, nous avons donné une conférence sur le thème de ce qu’on peut apprendre du passé pour préparer l’avenir. Cet éditorial résume l’essentiel de cette intervention. La domestication de la vigne

Un consortium de 84 chercheurs a récemment précisé les voies de la domestication de la vigne, grâce à l’analyse du génome de milliers de variétés de Vitis vinifera. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Science. La domestication de la vigne a eu lieu au début du néolithique, il y a environ 11 500 ans, simultanément dans le croissant fertile (aujourd’hui l’Irak) et en Caucase. La vigne a colonisé l’Europe au fil des millénaires qui ont suivi, pour arriver dans la péninsule ibérique, il y a 7 500 ans et dans le nord de la France et en Allemagne, il y a 6 900 ans.

Au fil du temps, des milliers de cépages sont apparus grâce à des mutations, de l’hybridation et la sélection par les femmes et hommes qui les ont cultivés. Les viticulteurs ont retenu, à chaque endroit, les cépages qui étaient les plus adaptés au climat et aux sols du lieu de production. Ainsi, des cépages tardifs et résistants à la sécheresse, comme le cinsault, le mourvèdre, le carignan et le grenache, ont trouvé leur lieu de prédilection dans le bassin méditerranéen, où le défi était de cultiver la vigne dans un environnement chaud et sec. Dans des lieux plus frais, comme en Bourgogne, où il n’est pas facile d’amener les raisins à pleine maturité, des cépages précoces comme le pinot noir et le chardonnay ont été sélectionnés. En Allemagne, ce sont surtout des cépages blancs qui ont été retenus, car dans un climat frais et pas très ensoleillé, les conditions ne sont pas optimales pour la synthèse des composés phénoliques, nécessaires à la production de vins rouges.