Faire reconnaître les particularismes en matière d'aménagement et de gestion des quartiers agricoles à Saint-Louis (Sénégal)

Abstract

Dans un contexte de forte concurrence sur les ressources foncières et d’absence de reconnaissance et de soutien des activités agricoles urbaines par les pouvoirs publics au Sénégal, la pérennité de ces activités semble menacée. Pourtant, certaines activités commerciales horticoles (vergers et maraîchage) se maintiennent et se développent depuis une trentaine d’années dans deux quartiers périphériques de la capitale éponyme de la région de Saint-Louis : Khor et Bango. Cette persistance de l’activité peut se comprendre par l’itinérance des agriculteurs et le développement de systèmes agricoles particulièrement bien intégrés au contexte urbain. Cependant, les enjeux actuels de l’urbanisation de la commune sont tels que la pression sur les espaces cultivés s’accroît. L’objectif de ce texte est de montrer comment des groupes de résidents et d’agriculteurs défendent la cohabitation entre agriculture et autres fonctions urbaines dans des quartiers que nous proposons d’appeler « quartiers agricoles ». Pour ce faire, nous insisterons sur leurs stratégies collectives visant à faire reconnaître la légitimité de particularisme dans la gestion de l’espace public d’un quartier agricole à travers l’exemple de la gestion des déchets. Ces stratégies collectives tirent parti d’un contexte institutionnel de gouvernance urbaine caractérisé par la faiblesse de la coordination des interventions et la pluralité des parties prenantes dans la maîtrise de l’urbanisation. Il s’agit ici de dépasser une approche par filière de l’agriculture urbaine pour montrer comment, dans certaines situations, des stratégies collectives locales permettent de contrecarrer une position de pouvoir a priori subalterne dans les instances de planification et de gestion de l’espace urbain.