Grossesse et paludisme : prise en charge des femmes enceintes lors des consultations prénatales (CPN) dans une plantation du Sud Cameroun

Abstract

Introduction: Les femmes enceintes constituent avec les enfants de moins de 5 ans les populations les plus vulnérables face au paludisme et les CPN constituent un moment privilégié pour leur délivrer une information préventive. L’objectif de notre étude était d’étudier, à partir d’une enquête rétrospective, les connaissances sur le paludisme des femmes ayant suivies une consultation prénatale et d’évaluer leurs satisfactions et leurs attentes vis-à-vis des services de santé.Methodes: Au cours du 1er semestre 2003 nous avons réalisé une étude auprès des professionnels de santé et de 196 femmes ayant accouchées depuis moins de six mois dans une plantation du Sud Cameroun (Hévécam). Les données ont été recueillies auprès des femmes par questionnaires et complétées par l’analyse de leur carnet de santé. L’étude s’est appuyée également sur des entretiens auprès des femmes et des professionnels de santé et les femmes et une observation des relations de soins à l’hôpital et dans les dispensaires. Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet PAL+ « Traiter et/ouPrévenir. Mères, enfants et soignants face au paludisme ».Resultats: L’examen des carnets de santé montre que 53 % des femmes ont bénéficié de 3 CPN, que 2/3 d’entre-elles ont utilisé une prophylaxie antipaludique adaptée et que 40 % ont eu un accès palustre durant la grossesse. Nous avons pu également évaluer les pratiques professionnelles à travers le récit de l’expérience de femmes du processus de la CPN. 47 % des femmes disent avoir reçu des informations sur les traitements prescrits et en ont effectivement une bonne connaissance. Néanmoins, on relève une insatisfaction des femmes vis-à-vis des professionnels de santé et de la qualité des soins délivrés Les résultats font également ressortir différentes contraintes matérielles et culturelles qui pèsent sur l’efficacité de la CPN : rôle économique du mari dans la décision de santé, suivi de la grossesse plus faible chez les primipares et les femmes jeunes, réticences des femmesvis-à-vis des antipaludiques lors de la grossesse bien que 85 % d’entre-elles déclarent avoir eu une bonne observance qu’il conviendra de discuter notamment au regard des pratiques d’automédication traditionnelle également mentionnéesInterpretation: Pour une meilleure compréhension des comportements des femmes enceintes les messages informatifs qui leur sont destinés et qui constituent dessupports de prévention doivent tenir compte des phénomènes de ré-appropriation et de ré-interpréation.