Les expositions d’anthropologie au musée du quai Branly de Paris et leur réception. Analyse fondée sur l’étude des livres d’or de l’exposition “ La Fabrique des images ” (P. Descola)
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La transmission culturelle dans les musées de société : contextes, approches et pratiques, La transmission culturelle dans les musées de société : contextes, approches et pratiques. 2022-05p. 103-122
La documentation française. Collection Musées-Mondes
Résumé
Si la réflexivité est de mise dans tout travail de recherche impliquant la pratique ethnographique du terrain, cette activité de l’esprit ne serait pas le privilège des chercheurs en sciences humaines et sociales, elle ...Lire la suite >
Si la réflexivité est de mise dans tout travail de recherche impliquant la pratique ethnographique du terrain, cette activité de l’esprit ne serait pas le privilège des chercheurs en sciences humaines et sociales, elle serait à l’œuvre d’une manière plus ordinaire dès que nous sortons de « chez nous », que nous nous confrontons aux autres, au monde, à l’extérieur de notre intimité. De façon renouvelée, tout homme ne recherche-t-il et ne crée-t-il pas du sens, ne se demande-t-il pas ce qu’il peut ou doit penser de lui-même et du monde dans lequel il vit ? Explorant l’idée que nous serions tous, d’une certaine manière, des « ethnologues en herbe », je me suis intéressée à la réception des grandes expositions temporaires d’anthropologie du musée du quai Branly à Paris. Quelle place, quel rôle les connaissances scientifiques et la culture instituée jouent-elles dans le façonnement du savoir sur soi et sur le monde dans cette mise en abyme ? En interrogeant les livres d’or d’expositions telles que « La Fabrique des images » conçue en 2010-2011 par Philippe Descola, j’ai tenté de comprendre les motivations et les modes d’appropriation de savoirs, de valeurs et de faits culturels par le public. Dans une ethnographie de la visite du « Plateau des collections » (collection permanente), Debary et Roustan (2012) montrent que l’esthétique des objets et de la scénographie (si critiquée) est là au service de l’intention pédagogique. En l’absence voulue d’un discours autoritaire sur les œuvres, la visite du Plateau mène le public « égaré » à une pensée et un questionnement doublés d’un plaisir (heuristique) de ne pas savoir, de ne pas comprendre, qui n’implique pas la connaissance historique et culturelle des objets. L’expérience singulière vécue prime sur l’information explicite. Les expositions thématiques à caractère anthropologique ont pour vocation de présenter des contrepoints intellectuels et stylistiques à la muséographie du Plateau. Que nous disent dès lors les livres d’or de l’expérience vécue, de la représentation interculturelle, de la réception de ces expositions ? En quoi le public dépasse-t-il le frisson momentané de l’exotisme, ce sentiment mêlé d’étrangeté intéressante et inquiétante à la fois ? Est-il à la recherche d’une polysémie, d’une ouverture, d’une possibilité accrue de liberté et d’indépendance d’agir et de penser, et dans le même temps, ne cherche-t-il pas dans l’hétérotopie du musée les éléments d’une cohésion qui lui permettent de renouveler son inscription dans un système de valeurs éthiques et esthétiques partagées ?< Réduire
Origine
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