Les temples hindous dans la mondialisation, ou la réinvention diasporique d'une géographie religieuse

Abstract

La religion hindoue est habituellement pensée comme consubstantielle à la géographie de l'Inde et au territoire national. Pourtant l'histoire des migrations indiennes a entraîné une transnationalisation de l'hindouisme qui se manifeste notamment à travers l'édification de temples hors de l'Inde et des reproductions locales de territoires hindous. Ce phénomène de reterritorialisation se fonde soit sur la base du lien communautaire régional d'origine (Indiens du Nord / Indiens du Sud), et/ou sur le lien de caste au sein de la communauté hindoue re-territorialisée (ex : caste des Nadukottai Chettiars), et/ou sur une revendication commune au sein de la société du pays d'accueil. Temples et processions en sont les manifestations les plus visibles dans l'espace public. Parallèlement, l'ouverture progressive de l'Inde au libéralisme depuis 1991 et l'intensification des circulations de capitaux, de personnes, ou d'images caractéristiques de la mondialisation, permettent une structuration de l'hindouisme en réseaux transnationaux. Les représentations territoriales de part et d'autre de la communauté mondiale hindoue en sont modifiées. Les mouvements nationalistes hindous en Inde ont su récupérer le phénomène pour alimenter leur idéologie territoriale. Ainsi, que ce soit à travers les migrations internationales, l'amélioration et la diffusion des moyens de télécommunication et de circulation, ou l'expansion de la classe moyenne indienne, la mondialisation a des effets et des enjeux territoriaux majeurs sur et pour la géographie mondiale de l'hindouisme, où le global se mêle au local et réciproquement.