"From one risk to another. International projects and starvation risk in Cameroon : a corrupted approach ?"
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Chapitre d'ouvrage
Ce document a été publié dans
Risk in Africa: multi-disciplinary empirical approaches. 2011p. 262-280
LIT
Résumé
Dans les années 1990, le Cameroun met en place, sous l'impulsion du FMI et de la Banque Mondiale, un vaste projet (Projet National de Vulgarisation et de Recherche Agricole) dont le but est d'accroître la productivité ...Lire la suite >
Dans les années 1990, le Cameroun met en place, sous l'impulsion du FMI et de la Banque Mondiale, un vaste projet (Projet National de Vulgarisation et de Recherche Agricole) dont le but est d'accroître la productivité agricole et de faciliter l'accès du monde paysan aux " nouvelles technologies ". Constatant les problèmes récurrents de famine dans le nord du pays, les autorités soutiennent qu'un tel projet peut apporter la solution au risque alimentaire. Or dans certaines régions du Cameroun, et notamment sur les flancs du volcan Mont Cameroun, les sols sont assez fertiles pour permettre aux paysans jusqu'à quatre récoltes de maïs par an. La région fait ainsi face à un véritable paradoxe : des hommes maîtrisant la production agricole à un degré remarquable sont forcés, sous la contrainte du PNVRA, de produire toujours plus sans moyens véritables pour vendre et distribuer les surplus sur les marchés locaux. La gestion du risque alimentaire revient à intensifier des rendements déjà exceptionnels dans certaines zones du pays, sans débloquer les moyens nécessaires à l'acheminement des denrées vers le nord, où réside le problème. Le risque alimentaire cache dès lors d'autres formes de risque. Afin d'augmenter la production agricole, le gouvernement et ses partenaires incitent les communautés paysannes à acheter des engrais chimiques ainsi que des pesticides, introduisant de la sorte un phénomène durable de dépendance vis-à-vis de l'agro-industrie. On assiste à la précarisation économique des familles endettées par l'achat des intrants, ainsi qu'à l'avènement progressif du risque environnemental par l'usage massif des produits dans les sols. On voit ainsi comment des techniques de gestion du risque mal adaptées conduisent à déstabiliser des zones à l'origine épargnées. Le risque dans ce cas devient un outil de propagande et de manipulation. Masqué par une devanture éminemment altruiste, il sert à occulter la réalité des choses et génère de nouvelles formes de risque. Dans ces conditions, la faillite de l'expertise du risque est-elle le fait d'un manque de lucidité, d'un problème de méthode, ou d'un rapport au monde particulièrement intéressé ?< Réduire
Résumé en anglais
During the 1990s, under IMF and World Bank sponsoring, Cameroon developed a huge project (PNVRA) aimed at increasing agricultural productivity and improving access to technology for peasants. Considering the food shortage ...Lire la suite >
During the 1990s, under IMF and World Bank sponsoring, Cameroon developed a huge project (PNVRA) aimed at increasing agricultural productivity and improving access to technology for peasants. Considering the food shortage problems in the northern part of the country, the authorities claimed that such a project would be the solution to food risk in the Extrême-Nord province in Cameroon. In some other parts of the country, for instance on the slopes of the Mount Cameroon volcano (South-West Cameroon), the soil is particularly fertile, allowing peasants to harvest maize up to four times a year. Yet this area faces a real paradox : people who master agricultural production to such a high degree are forced to produce more and more under PNVRA, without the possibility of selling and distributing the fruit of their labour where it is needed. Food risk management in this case consists in intensifying the already exceptional agricultural yields in southern parts of the country, without enabling the people to despatch food to the north where there are shortages. Food risk, so managed, hides another, even more serious problem. To increase yields, the government and its sponsors incite peasant farmers to buy fertilizers and pesticides, thus leading to dependence on the chemicals industry. Out of one risk (starvation), two others arise: a peasant society crisis because of debts, and an environmental crisis due to abusive use of chemicals in the soil. This article highlights the fact that the solution proposed by international institutions and the Cameroonian government to solve a risk problem (with capitalist motivations in the background) generates trouble in areas that were not initially touched by the problem of starvation. In this case, risk becomes a tool of propaganda in the hands of decision organisms with suspect aims. What do they really want: to put an end to hunger, or to satisfy the will of chemical manufacturers in the international arena?< Réduire
Mots clés
gestion du risque
risque alimentaires
pratiques paysannes
crise environnementale
Cameroun
Mots clés en anglais
Risk management
Food risk
international institutions
peasant practicies
environmental crisis
Cameroon
Origine
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