Dé-genrer le Care : relecture critique et artistique du Petit chaperon rouge

Abstract

Dans le sillage des apports critiques de Judith Butler l’étude des champs de l’art voit son appareil analytique renouvelé. En effet, avec les projections des théories du genre et des principes féministes de nouveaux prismes s’offrent à nous pour (re)questionner et comprendre les œuvres.Notre contribution s’inscrit dans ce périmètre : nous proposons de mettre en tension la ou plutôt les figures iconiques du Petit Chaperon rouge avec le concept du care. Celui-ci recouvre aujourd’hui un éventail de problématiques multiples liées au « prendre soin », dont l’une d’elles désigne une expérience éthique spécifique des femmes (Brugère, 2009).Pour nourrir cet examen, il nous semble stimulant d’observer de manière transverse la sensibilité queer actuelle dans la relecture de certains aspects des versions du conte, tels que nous les présentent notamment les œuvres de Kiki Smith et Corinne Fhima, et cela à la lumière des théories du care.Afin de saisir les logiques de construction et de déconstruction qui se jouent sur ce terrain de recherche, nous définirons le cadre théorique dans lequel nous étudierons plus particulièrement la gestion genrée du domestique, comme élément majeur des apprentissages du Petit Chaperon rouge. Nous mettrons en perspective trois représentations de la domesticité induites par les fonctions didactiques du conte : la mise en forme de l’éducation au care (attention à sa grand-mère), l’assignation des femmes aux tâches domestiques (parcours des épingles et des aiguilles), érotisation et oppression sexuelle.Il s’agira d’apprécier le rôle des œuvres contemporaines et leurs apports à une analyse critique et artistique du Petit Chaperon rouge, parce qu’elles témoignent de la nécessité de réévaluer les principes fondateurs du care jusqu’alors prescripteur des assujettissements genrés et sexués des femmes.