L’agilité et l’interculturalité en question dans le dispositif global-local des MOOC : le cas du MOOC Pas à Pas

Abstract

Le croisement des logiques locales et globales pose de réels défis aux MOOC, ces Cours Massivement Ouverts en Ligne qui s’adressent potentiellement à des publics mondialisés et transfrontières. Le projet ECO, financé dans le cadre du programme “Competitiveness and Innovation Framework Programme” (CIP) vise à créer des sMOOC (MOOC sociaux et participatifs) et met en lien des universités et des entreprises de communication et de système d’information d’origines culturelles différentes (sept pays européens, trois zones culturelles : anglophone, francophone, hispanophone). Ce dispositif innovant a choisi une méthodologie agile pour prendre en compte les besoins conjoints d’améliorer un processus inédit et complexe et de faciliter l’appropriation d’un design pédagogique global par des équipes locales. La problématique de l’agilité se trouve donc croisée à celle de l’interculturalité. La méthodologie choisie est celle de l’observation participante pour être au plus près du processus triple de l’agilité : les interactions, l’auto-organisation et la co-évolution. Le corpus se compose des livrables du projet sur 4 itérations du sMOOC Pas à Pas, ainsi que des fonctionnalités de support produites par les équipes. L’analyse ethnographique vise à 1/ déterminer la spécificité des situations interculturelles agiles, 2/comprendre la répartition de l’agilité dans les différentes itérations, 3/appréhender les évolutions opérées sur le modèle de départ, et 4/prendre la mesure des limites du processus. Les résultats pointent les nombreux bénéfices d’une approche agile interculturelle, notamment l’importance de la création d’outils de performance partagés à partir des besoins négociés des équipes interculturelles. Cela se traduit par plus de transparence dans les modes opératoires et une acceptation des stratégies de contrôle qualité. Cela permet aussi de mettre en place un répertoire de stratégies cognitives et émotionnelles pour établir la confiance entre acteurs à distance par le biais des compétences interculturelles (tolérance à l’erreur, tolérance à l’ambiguïté, capacité au décentrement et à l’empathie). Les résultats alertent sur le manque de formation à la méthode agile, qui peut s’avérer problématique s’il est sous-estimé (improvisation, chronophagie, …). Une modélisation de l’agilité en lien à l’interculturalité est proposée afin de souligner l’importance de ce champ sous-théorisé qui gagnerait à croiser les 4 valeurs fondamentales de l’agilité (interactions, fonctionnalités, collaboration et acceptation du changement) avec les compétences interculturelles. .