Architectes – médiateurs : ambassadeurs ou parias

Abstract

En France, les architectes constituent une profession reconnue et originale dont le titre et la fonction sont protégés par l'Etat. Leurs activités visent la fabrication de l'architecture fondées sur un travail de projet, de conception et de maîtrise d'oeuvre. Les limites du groupe semblent établies même si l'on identifie régulièrement des activités qui se détournent du « noyau dur ». Les plus récentes se rangent sous la catégorie d'activités de médiation pour diffuser des connaissances sur l'architecture auprès du grand public, marché en extension, impulsé par la démocratie participative, la sensibilisation culturelle et une marchandisation de la communication. Le groupe éprouve ainsi ses limites par une mutation des compétences, de la position et des activités d'une frange de ses membres. Les architectes-médiateurs posent leur indépendance et leur technicité : indépendance pour ne pas se transformer en porte-parole de politiques locales, en VRP des concepteurs ; technicité par un sens de la pédagogie et des méthodes dédiées. Une conception d'un rôle qui est légitimé par des valeurs de civilité, d'urbanité, d'éducation. Analyser ainsi le dépassement des limites montre la dynamique d'un groupe professionnel, solide sur ses bases et les interrogations qui l'accompagne : les architectes-médiateurs font tantôt figures d'ambassadeurs de la profession ou de parias. Ces conclusions reposent sur une enquête qualitative nationale.