Des espaces de soins non mixtes pour les femmes usagères de drogue ? Débats autour de la prise en charge sanitaire des risques sexuels
Langue
fr
Communication dans un congrès avec actes
Ce document a été publié dans
9e Congrès de l’AFS "Changer ?", Session croisée RT 28 « Recherches en sciences sociales sur la sexualité » RT 19 « Santé, médecine, maladie et handicap », Session 3 : Sexualités au prisme des conditions de santé, 2021-07-06, Lille.
Résumé
La sexualité a toujours été un facteur considéré comme incontournable dans la prise en charge sanitaire des personnes consommatrices de substances psycho-actives, avec les premières politiques de réduction des risques mises ...Lire la suite >
La sexualité a toujours été un facteur considéré comme incontournable dans la prise en charge sanitaire des personnes consommatrices de substances psycho-actives, avec les premières politiques de réduction des risques mises en place pour contrer l’épidémie du SIDA (Coppel, 2004). Les mondes de la drogue sont des mondes sociaux représentés comme masculins (Neff, 2018), et les structures sanitaires liées aux drogues en France et au Canada accueillent majoritairement un public masculin (Vitte, 2018). Cette communication vise à analyser les débats entre professionnels de santé autour des dispositifs à mettre en place pour favoriser la réduction des risques sexuels chez les personnes usagères de substances, en se focalisant sur la question des espaces non-mixtes, à Bordeaux et Montréal. Les résultats se basent sur 30 entretiens, réalisés dans le cadre d’une travail de thèse en cours avec des professionnels socio-sanitaires de la prise en charge des usages de substances et des acteurs des politiques publiques liées aux drogues, à Bordeaux et à Montréal. À Montréal, les structures socio-sanitaires dédiées aux usagers de substances sont organisées sur un modèle communautaire (Brochu et Orsi, 2008), avec une grande diversité de structures dédiées à des publics spécifiques où la mise en place d’espaces non-mixtes ne fait pas débat. À Bordeaux, les structures socio-sanitaires reposent sur un modèle qui se veut universaliste et qui ne prend pas en compte les différences entre individus (Benoit et Jauffret-Roustide, 2016). Cela aboutit le plus souvent à ce que les dispositifs soient organisés pour être favorables au public masculin (Aïach et al., 2002). Cela génère des difficultés pour aborder les questions de la sexualité avec le public féminin. Des débats entre professionnels de santé ont lieu sur la question de la mise en place d’espaces non-mixtes au sein des structures. Les professionnels en faveur de la non-mixité mettent en avant la nécessité de procurer aux femmes un sentiment de sécurité, qui permettrait de libérer la parole sur les questions sexuelles. Les détracteurs de la non-mixité la trouvent inégalitaire, affirmant que cela revient à fermer les portes de la structure à son public majoritaire et à empêcher le dialogue entre les hommes et les femmes. Ces débats entre professionnels de santé et ces différences entre les modèles français et canadien sont révélateurs de la manière de faire de l’intervention socio-sanitaire et de prendre en compte la sexualité.< Réduire
Mots clés
femmes
drogues
risques sexuels
professionnels de santé
Bordeaux
France
Montréal
Canada
politique publique
espaces de soins
Origine
Importé de hal