Être une femme usagère de substances : vulnérabilités et empowerment

Abstract

Les femmes usagères de substances sont minoritaires dans les structures de prise en charge des addictions, et parmi les interpelés pour vente ou usage de stupéfiants par la police. L’influence de l’identité de genre féminine sur les consommations de drogues est donc méconnue. Cette communication a pour but de combler cette lacune. Les résultats présentés sont issus de ma thèse en sociologie, et reposent sur 38 entretiens (26 femmes, 12 hommes) réalisés avec des personnes usagères de substances à Bordeaux (France). Consommer des substances quand on est une femme génère à la fois des vulnérabilités et de l'empowerment. Une association est souvent faite entre usages de substances féminins et disponibilité sexuelle. Les dealers peuvent essayer d’instaurer des rapports de séduction avec leurs clientes. Plusieurs femmes rapportent avoir été agressées sexuellement dans un moment de consommation ou d’achat. Les femmes sont moins prises au sérieux et font plus souvent l'objet de tentatives d'escroqueries que les hommes. Consommer, acheter et/ou vendre des drogues implique de s'intégrer à un milieu social viriliste comportant des risques de violences. Les participantes affirment parallèlement avoir retiré des compétences comportementales et commerciales de leurs trajectoires déviantes. Développer des messages de prévention appropriés pour cette population de femmes consommatrices est essentiel, en prenant en compte leur stigmatisation, vulnérabilités mais aussi leurs ressources.